Algues vertes : un nouveau plan de lutte lancé

Publié le 6 juillet 2017 à 11:41 Aujourd'hui

Malgré une baisse des nitrates dans les rivières, l’étendue des surfaces couvertes d’ulves a triplé au printemps. Les autorités ont décidé de lancer un plan d’un montant de 55,5 millions d’euros pour lutter contre le fléau des algues vertes. Il sera appliqué sur cinq ans. 

Les algues vertes sont une pollution qui infeste les plages bretonnes depuis plus d’un demi-siècle. Ultra-toxiques, elles font fuir les touristes et ont déjà tué. Chaque année, on continue à ramasser 50 000 tonnes d’algues vertes. Le déficit de la région est estimé à plus d’un milliard d’euros. Et cette année, la Bretagne a connu le pire printemps depuis quinze ans. Les échouages d’algues vertes ont battu tous les records. Elles ont couvert une superficie trois fois et demie plus importante que la moyenne depuis 2012. Certaines plages ont dû être fermées au public alors que débute la saison touristique. Selon le Centre d’étude de valorisation des algues (CEVA), le bilan s’annonce plus que catastrophique.

Afin de lutter contre ce fléau, un second plan de lutte contre les algues vertes, d’un montant de 55,5 millions d’euros, a été lancé mercredi 5 juillet en Bretagne et ce, pour cinq ans. Les autorités espèrent pouvoir éradiquer ce phénomène potentiellement mortel et dommageable pour le tourisme.

L’origine des algues vertes

L’origine de ces algues est parfaitement connue. Selon les chercheurs de l’IFREMER, celles-ci sont dues à la pollution des eaux par l’agriculture intensive, et ses rejets de nitrates. La fertilisation des champs (épandages d’engrais azotés et déjections animales) est responsable à plus de 90% des flux de nitrates qui enrichissent les cours d’eau, puis engraissent les algues vertes. « Le seul moyen de parvenir à une maîtrise des échouages est d’affamer les algues en azote, ce qui suppose d’atteindre des concentrations en nitrates extrêmement basses dans les cours d’eau et, donc de faire évoluer en amont les pratiques agricoles », indique la préfecture dans son communiqué.

À savoir que ces algues posent un problème majeur pour la santé publique. Quand elles commencent à pourrir, et ce dans un délai de 48 heures, les algues vertes dégagent un gaz très toxique appelé hydrogène sulfuré. Celui-ci peut tuer comme du cyanure, en seulement quelques secondes. De nombreux accidents ont été recensés, mais les lobbys de l’agroalimentaire continuent à faire pression afin que ces problèmes ne soient pas dévoilés.

Huit baies sont concernées

Les huit baies bretonnes les plus exposées aux algues vertes ont fixé un plan d’action avec des objectifs différenciés pour améliorer le taux de nitrates dans l’eau. Le PLAV 2 finance 90% des mesures préventives, particulièrement la couverture des sols entre deux cultures pour éviter la fuite des nitrates. Les autorités comptent aussi limiter la culture des céréales sur de grandes surfaces, celles-ci sont de grandes consommatrices d’engrais et de pesticides. « On n’est pas dans une science exacte mais l’enjeu est de maîtriser la prolifération à l’horizon 2027 », explique Jean-Louis Bourdais, chargé de mission eau à la préfecture de Région, à l’AFP.

« On a des baies où la concentration en nitrates est de 20 mg par litre qui sont envahies par les algues. Et d’autres où le taux avoisine les 50 mg par litre et où il n’y a pas d’algues », indique le vice-président de la région en charge de l’environnement. Par exemple, près de Lannion, la Baie de la Lieue de Grève voit son taux de nitrates à 25 mg par litre. C’est près de 20 000 tonnes d’algues qui sont ramassées chaque année sur la plage. Pourtant, à côté de cette baie, il n’y a aucune culture intensive.

Les associations demandent des actions plus concrètes

L’association Eaux et rivières « déplore d’abord que les objectifs affichés de réduction des nitrates à l’horizon 2027 soient notoirement insuffisants. En effet, ceux-ci ne prévoient pas de descendre partout en dessous des 20 mg/L, voire d’approcher les 10 mg/L préconisés sur certaines baies par les études scientifiques fondées, ce qui permettrait de diminuer d’au moins de moitié les quantités d’algues vertes », indique-t-elle dans son communiqué.

« Pour assurer l’efficacité de l’argent public mobilisé et tenir compte des enseignements du premier plan, le caractère innovant et ambitieux des plans d’action devra être renforcé : transformation en profondeur des systèmes de production par, en particulier, le développement des systèmes agricoles à bas niveau d’intrants (systèmes herbagers, production bio, porc sur paille, etc.), la réduction des épandages d’azote, la préservation et la restauration des zones humides », ajoute l’association.

Il est urgent que la région trouve une solution et que l’ensemble des filières agroalimentaires s’allient et travaillent main dans la main avec les collectivités. Les algues vertes sont un fléau à éradiquer au plus vite.

Alice Glaz

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