Bientôt une indication géographique protégée (IGP) pour les charentaises ?

Publié le 17 mai 2018 à 14:45 Aujourd'hui

L’Association pour la promotion de la Charentaise (APC) a déposé un dossier auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) afin que la « Charentaise » obtienne une indication géographique protégée (IGP).

La charentaise demande à être reconnue ! Né à la fin du XIXème siècle dans le bassin de la Charente-Dordogne, le chausson a été créé à base de recyclage des rebuts des industries textiles et papetières situées sur le fleuve Charente. Il était alors porté dans des sabots en bois pour se protéger les pieds. Aujourd’hui la charentaise est à la fois l’apanage de nos grands-parents le soir mais aussi une icône qui se porte très bien sur le marché. 300.000 paires de charentaises en « cousu retourné » sont fabriquées annuellement par 6 PME qui regroupent 210 emplois pour un chiffre d’affaire de 5 millions d’euros en 2016. Le chausson à languette doit sa popularité à son style bien particulier et au « cousu retourné », une technique de fabrication historique. Elle permet d’assembler à l’aide d’un fil de chanvre la semelle en feutre ou cuir et la tige. Le chausson est ensuite retourné afin de prendre sa forme définitive. 50 personnes par entreprise se consacrent exclusivement à la technique du cousu retourné. Les ventes augmentent depuis 10 ans et s’exportent aujourd’hui en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Toutefois, la dénomination est confuse et utilisée par d’autres producteurs non artisanaux pour sa capacité à faire vendre. Afin de contrer la concurrence déloyale, l’Association pour la promotion de la Charentaise demande à ce que son célèbre chausson acquiert une indication géographique.

Dénomination confuse

Le nom « Charentaise » désigne plusieurs produits pour un même imaginaire collectif. Pour pallier la concurrence déloyale, l’Association pour la promotion de la charentaise demande une indication géographique précise qui couvrirait les départements de Charente et de Dordogne. C’est en effet un moyen de protéger la dimension artisanale et patrimoniale du fameux chausson tout en défendant ses fabricants. C’est depuis « la loi Hamon » de 2014 que les indications géographiques se sont élargies aux produits manufacturés et non plus seulement aux produits agricoles et viticoles pour reconnaître la qualité et la provenance des produits de l’artisanat et de l’industrie. L’Institut national de la propriété industrielle a déjà homologué trois indications géographiques pour le siège de Liffol, le granit de Bretagne et la porcelaine de Limoges.

Comme le précise l’association dans son cahier des charges : « la stratégie de l’origine à travers l’indication géographique présente un intérêt afin de garantir et d’authentifier la charentaise : en donnant aux opérateurs légitimes un arsenal juridique permettant de les protéger des tromperies et contrefaçons ; en consacrant ce patrimoine national qu’est la tradition de fabrication de la charentaise sur le bassin de Charente/Dordogne ; en mentionnant l’origine et en renforçant leur notoriété ; en soulignant le savoir-faire des artisans qui perpétuent la technique du « cousu retourné » ; en donnant une garantie d’authenticité aux consommateurs et en structurant la filière autour d’enjeux communs ».  Actuellement, il existe bien évidemment des charentaises respectueuses du patrimoine comme par exemple « La Pantoufle à Pépère« , une charentaise « new age » et « made in france » qui donne envie de se balader.

Claire Lebrun

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