Cancer : les aliments ultra-transformés augmenteraient les risques

Publié le 15 février 2018 à 18:04 Aujourd'hui

Une étude menée par des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra et de l’Université Paris 13 publiée ce jeudi 15 février 2018 vient d’établir un lien potentiel entre les risques de cancer et la consommation de plats industriels.

Rien ne vaut un plat fait maison. Les plats cuisinés que l’on trouve dans les grandes surfaces sont en effet loin d’être sains pour notre santé. Sucres, additifs, conservateurs, colorants… Que des substances que l’on retrouve énormément dans tous nos aliments, même les plus insoupçonnés. Pour preuve, en novembre dernier, l’ONG Foodwatch révélait que plusieurs plats préparés vendus comme « traditionnels », « rustiques » ou encore « à l’ancienne », contenaient des additifs. Ce jeudi 15 février, une autre étude vient montrer la nocivité de ces aliments transformés. Des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et de l’Université Paris 13 (Centre de recherche épidémiologique et statistique Sorbonne Paris Cité, équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle EREN) suggèrent un lien entre « la consommation d’aliments ultra-transformés et le sur-risque de développer un cancer », explique l’Inserm dans un communiqué. Les résultats de cette étude ont été publiés ce jeudi 15 février dans le British Medical Journal.

Graisses, boissons et produits sucrés en cause

L’étude s’est ainsi concentrée sur les « aliments ultra-transformés ». Ces derniers auraient « souvent une teneur plus élevée en matières grasses, en graisses saturées, en sucre ajouté et en sel, ainsi qu’une densité moindre en fibres et en vitamines », lit-on dans le rapport. Les chercheurs ont fait appel à 104 980 participants de la cohorte française NutriNet-Santé, dont l’âge médian était de presque 43 ans, qu’ils ont suivi entre 2009 et 2017. À noter qu’il y avait davantage de femmes que d’hommes. Cependant, « la contribution des aliments ultra-transformés au régime alimentaire global était très similaire entre hommes et femmes ». Résultat : durant le suivi, 2 228 cas de cancer ont été diagnostiqués et validés dont 739 du sein, 281 de la prostate et 153 du colon. Les chercheurs ont ainsi découvert qu’une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans un régime alimentaire était liée à une hausse de plus de 12% des risques de développer un cancer au global et de 11% pour un cancer du sein.

Concrètement, « les graisses et sauces ultra-transformées et les produits et boissons sucrés étaient associés à un risque accru de cancer, globalement, et les produits sucrés ultra-transformés étaient associés à un risque de cancer du sein », expliquent les chercheurs. Concernant le cancer de la prostate et colorectal, « aucune association n’était statistiquement significative ».

Plusieurs hypothèses

Selon les scientifiques, quatre hypothèses peuvent expliquer ces résultats. La première concerne « la qualité nutritionnelle généralement moins bonne des régimes riches en aliments ultra-transformés ». Ces derniers sont jugés trop caloriques, trop salés, trop gras et trop sucrés. Ils manquent aussi de fibres et de micronutriments. « Les aliments ultra-transformés ont également été associés à une réponse glycémique plus élevée et à un effet de satiété plus faible ». Les chercheurs rappellent que même s’il ne s’agit pas du seul facteur, manger trop gras, trop sucré et trop salé fait prendre du poids et que l’obésité est reconnue comme un facteur de risque de cancer du sein, de l’estomac, du foie, du côlon, du pancréas, du rein ou encore de la vésicule biliaire. La deuxième hypothèse : la présence d’additifs, même si le niveau maximum autorisé ne met pas en danger la santé des consommateurs. Cependant, il peut y avoir un effet « cumulatif » si l’on mange plusieurs de ces aliments.

La transformation des produits est également un facteur déterminant, notamment au moment de la cuisson puisque cela produit des « contaminants néoformés » comme l’acrylamide. Cela est encore plus vrai pour les pommes de terre frites, les biscuits, le pain ou encore le café. L’emballage de ces aliments transformés, qui peut contenir du bisphénol A, un perturbateur endocrinien, inquiète également les chercheurs. Malgré cette étude, ces derniers tiennent à rappeler que ces résultats doivent « être considérés comme une première piste d’investigation dans ce domaine et doivent être confirmés dans d’autres populations d’étude. Notamment, le lien de cause à effet reste à démontrer ».

Marie Bascoulergue

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