Les caniveaux parisiens abritent une diversité étonnante de micro-organismes

Publié le 19 octobre 2017 à 12:57 Aujourd'hui

Les caniveaux de la capitale grouillent de micro-organismes. Micro-algues, champignons, éponges, mollusques… Ceux-ci joueraient même un rôle dans le traitement des eaux de pluie et des détritus urbains.

Lorsque l’on pense aux caniveaux parisiens, on peut avoir un haut-le-cœur. Il faut dire que l’odeur et la couleur de l’eau sont peu ragoûtantes. Pourtant, des chercheurs du laboratoire de Biologie des organismes et des écosystèmes aquatiques du CNRS ont fait une découverte assez surprenante : les caniveaux de la capitale abritent une grande diversité de micro-organismes. Ces derniers pourraient même agir comme des petites stations d’épuration.

Tout est parti de l’observation de bulles à la surface des eaux. Celles-ci sont en effet le signe d’une activité photosynthétique. Piqués par la curiosité, les scientifiques, en collaboration avec un chercheur du Max Planck Institute de Marburg (Allemagne), ont donc décidé de mener des recherches plus poussées. Ils ont analysé une centaine d’échantillons d’eau non potable provenant de divers endroits (la Seine, le canal de l’Ourcq, les bouches de lavage ou les caniveaux). Au total, les chercheurs ont identifié 6900 espèces potentielles d’eucaryotes, à savoir « des organismes, unicellulaires ou pluricellulaires, possédant un noyau et des organites, contrairement aux bactéries et aux archées », explique le CNRS dans un communiqué. Pour la plupart, ces espèces correspondent à des micro-algues du groupe des diatomées, mais on y trouve aussi des champignons, des éponges et des mollusques.

Le plus étonnant, c’est que près de  70 % de ces espèces sont absentes des sources d’eau non potable. « Les types de communautés changent en effet énormément d’un site de prélèvement à l’autre, ce qui suggère une origine probablement liée aux activités humaines et/ou une adaptation urbaine de ces micro-organismes », souligne le CNRS, dont les résultats des travaux ont été publiés le 13 octobre 2017 dans la revue The ISME Journal.

Un « nouveau compartiment biologique »

Ces micro-organismes, comme certains champignons recensés, pourraient être des acteurs importants du traitement des eaux de pluie et des détritus urbains « en contribuant à la décomposition des déchets solides et d’autres types de polluants (gaz d’échappement, huile moteur, etc.) ».  Pour les chercheurs, les caniveaux apparaissent comme « un nouveau compartiment biologique aux rôles écologiques à explorer ». Des recherches plus approfondies doivent être menées pour connaître exactement ces organismes et leur rôle. Les scientifiques souhaitent également étudier d’autres domaines de vie, comme les procaryotes (des organismes sans noyau, comme les bactéries), sur de plus grandes périodes de temps, voire dans d’autres villes.

Marine VAUTRIN

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