La Chine ne veut plus des déchets occidentaux

Publié le 2 novembre 2017 à 11:31 Aujourd'hui

Le ministère chinois de l’environnement avait annoncé en juillet 2017 son intention de ne plus importer de déchets en provenance de l’occident. Cette mesure qui ne cesse de faire débat a été instaurée ce mercredi 1er novembre 2017.

L’Europe et les États-Unis exportent énormément de déchets en Chine. Au total, la République populaire importe jusqu’à 50 millions de tonnes de déchets par an dont 9 millions de plastiques. Le pays est même considéré comme la « poubelle de l’Europe », puisque le Vieux continent y envoie la moitié de son stock de détritus. Afin de se concentrer sur son propre recyclage et améliorer la qualité des déchets entrant sur son territoire, la Chine avait annoncé à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le 18 juillet dernier, qu’elle cessera d’importer 24 types d’ordures en provenance de l’occident. Sont concernés par cette mesure, huit familles de plastique, les papiers non triés, la laine, le coton ainsi que des déchets métalliques dus à la fabrication de fer et d’acier, explique BFM Business. Le Bureau of International Recycling (BIR) a immédiatement réagi à cette nouvelle, implorant la Chine, dans un communiqué, de prolonger la date limite. Depuis ce 1er novembre, la Chine a mis en application cette mesure. Le but est de tenter de réduire la pollution en Chine et de facto protéger la santé de la population chinoise.

Jusqu’à 50 millions de tonnes de déchets exportées en Chine

 » Nous avons constaté que de grandes quantités de déchets de mauvaise qualité, et même de déchets dangereux, sont mélangés avec des déchets solides. (…) Cela pollue sérieusement l’environnement de la Chine », a déclaré le ministère de l’Environnement dans une notification à l’OMC. Jusque-là, 2/3 des déchets arrivant en Chine finissaient dans des usines de recyclage ne respectant pas les normes environnementales. Pékin souhaite donc venir à bout de la pollution de ses sols et de ces centres peu soucieux de l’environnement. Dans son plan « National Sword », le pays souhaite également mettre un terme au commerce illégal de déchets. Ce dernier représente 20% des importations totales de détritus. Avec cette décision, le Vieux continent va être confronté à un problème de taille. Cette mesure, favorable au pays, l’est beaucoup moins pour l’Europe. Le continent ne dispose pas d’infrastructures suffisantes pour détruire les déchets qu’il envoyait jusque-là en Chine.

À LCI, le président de la Fédération Professionnelle des Entreprises du Recyclage (FEDEREC), Jean-Philippe Carpentier, a déclaré qu’il s’agissait d’une « formidable opportunité d’accroître le recyclage en France et en Europe ». Cependant, la Fédération a très vite modéré ses propos en expliquant dans un communiqué que « l’interdiction soudaine d’exporter de nombreux produits en Chine engendre dès à présent une augmentation des stocks sur les marchés qui les produisent. L’impact de cette décision est mondial et a des conséquences en Europe et dans tous les pays exportateurs de ces matières ». Un avis partagé par le BIR qui parle de « grave impact » sur l’industrie mondiale du recyclage. Finalement, seule la Chine est gagnante avec cette nouvelle mesure. Un expert de l’EY (cabinets d’audit financier) a déclaré à BFM Business que cette année, la Chine  » a lancé un plan pour augmenter de 67% le chiffre d’affaires de l’industrie du recyclage en 2020, par rapport à 2015″.

Marie Bascoulergue

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