Compost collectif en pied d’immeuble parisien : là où tout a commencé
Publié le 1 mars 2016 à 11:37 Demain
Qui a dit que l’on ne pouvait pas composter à Paris ? Certainement pas Jean-Jacques Fasquel qui a lancé en 2008 un projet de compost collectif en pied d’immeuble, une première dans la capitale. De ce compost résulte depuis un jardin d’Éden partagé et cultivé par 80 foyers. Rencontre avec ce passionné.
C’est au 107 de la rue de Reuilly dans le XIIème arrondissement de Paris que Jean-Jacques Fasquel nous a donné rendez-vous. Devant cette immense résidence bétonnée de 549 logements, difficile de croire qu’un paradis terrestre se trouve à proximité. Pourtant, c’est bien ici que se cache le jardin Santerre. Là où le premier compost collectif en pied d’immeuble a vu le jour dans la capitale.
Il faut contourner cet immeuble de 13 étages pour découvrir un écrin vert éco-responsable. Ici, poussent des pommiers, des figuiers, des pommes de terre et autres légumes, butinent des abeilles et caquettent quatre poules.
Mais ce qui fait la particularité de ce lieu, c’est qu’il a accueilli la toute première zone de compostage de Paris, en bas d’une résidence. Jean-Jacques Fasquel se souvient : « Je me suis posé des questions sur mon éco-responsabilité. Je me disais qu’il fallait faire quelque chose, que c’était idiot de jeter bêtement des déchets organiques. Le compost m’est alors tout de suite venu à l’idée, sauf qu’à l’époque le compost ne se faisait pas en pied d’immeuble ».
Prenant exemple de l’expérience de Rennes Métropole, il décide de lancer son projet en 2008 et installe un compost sur l’ancienne aire de jeux désaffectée de la résidence, une zone délaissée et inexploitée. Cette initiative a tout de suite séduit 30 habitants. L’association des locataires a ainsi porté administrativement le projet et signé une convention avec leur bailleur Paris Habitat pour créer cet espace. L’aventure était lancée !
8 tonnes de déchets organiques par an
Si au départ un seul composteur était prévu, ce sont aujourd’hui huit bacs qui servent désormais à 80 foyers de l’immeuble. Ces derniers transforment ainsi chaque année près de huit tonnes de déchets organiques en un compost qui est utilisé pour les plantes des balcons mais aussi pour amender le sol d’un jardin partagé, créé deux ans après le premier compost.
Pour parfaire ce jardin éco-responsable, les « composteurs du 107 » ont par la suite installé en 2010 un rucher (33 kilos de miel en 2015), un poulailler en 2013, un hôtel à insectes, un mini-verger et deux récupérateurs d’eau de pluie. Qui l’aurait cru dans Paris ?
Ce site pionnier fait d’ailleurs figure d’exemple. La Mairie de Paris s’est d’ailleurs basée sur ce projet pour lancer en 2010 son programme de compost en pied d’immeuble, dans le cadre de son programme local de prévention des déchets. Depuis, les sites volontaires, qui ont un espace de pleine terre de quelques m2, bénéficient gratuitement d’un diagnostic, de matériels et de l’accompagnement d’un maître composteur expérimenté, comme Jean-Jacques Fasquel, pour le diagnostic, la formation et le soutien technique pendant 9 mois.
Mais la belle histoire se trouve du côté des résidents qui, grâce au jardin et au compostage, ont pu recréer des liens sociaux. Chaque année, des apéritifs et des soupes sont organisés pour déguster les récoltes cultivées sur les parcelles collectives, comme l’année dernière des pommes de terre. Une aventure que vivent aujourd’hui de nombreuses résidences parisiennes qui, comme eux, ont installé un compost au pied de leur immeuble.
Les conseils de Jean-Jacques Fasquel pour un compost réussi
Obtenir du compost est simple et facile, mais à condition de respecter trois règles de base :
Équilibrer les matières. Bien souvent, ce que l’on met dans son compost, ce sont des épluchures de légumes et de fruits, à savoir des matières vertes, molles et humides. Selon le maître composteur, « à chaque apport, il faudra équilibrer avec des matières brunes, dures et sèches telles que des feuilles mortes, du papier journal, du carton non traité et, pourquoi pas, des boîtes d’œufs découpées ». Toutefois, en collectif, il est impératif d’incorporer du broyat (bois broyé) car « il a la faculté d’être structurant et de laisser circuler l’oxygène ». Lorsque les épluchures et autres déchets sont versés dans le compost, il faut toujours les recouvrir de cette matière structurante.
Aérer. Un compost doit être régulièrement aéré à l’aide d’une fourche ou d’une tige aératrice. Il faut ainsi le brasser régulièrement.
En collectif, les déchets compostés sont principalement des épluchures de légumes et de fruits qui sont déjà très humides mais « lorsqu’il s’agit d’un compost domestique, il faut parfois humidifier les apports de déchets de jardin plus secs ».
Que peut-on mettre dans son compost ?
« Attention, un compost n’est pas une poubelle », insiste Jean-Jacques Fasquel. Les déchets organiques autorisés sont : les épluchures de légumes et de fruits, y compris les agrumes « contrairement à ce que l’on entend », les coquilles d’œufs écrasés, les sachets de thé, le marc de café avec son filtre, les plantes fanées, les restes de riz ou de pâtes, les feuilles d’essuie-tout. Toutefois, dans les composteurs en pied d’immeuble à Paris il a été choisi de ne pas composter le pain, la viande, le poisson afin d’éviter d’attirer les rongeurs et pour limiter les odeurs désagréables (principe de précaution). Enfin, lorsque l’on incorpore ses déchets, ne pas oublier de les couper en petits morceaux afin que la transformation soit plus rapide.