Covoiturage , échange de biens : des pratiques écologiques ?

Publié le 10 mars 2017 à 13:15 Aujourd'hui

Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), les pratiques collaboratives, comme le covoiturage ou l’échange de biens, peuvent être bénéfiques pour l’environnement, mais sous certaines conditions.

Échange, location de biens, covoiturage, logement partagé… De plus en plus de consommateurs se tournent vers ces pratiques collaboratives et ce, pour plusieurs raisons : c’est économique, pratique et écologique. Mais selon l’Ademe, « consommer de manière collaborative ne signifie pas automatiquement consommer responsable », explique-t-elle dans une étude publiée jeudi 9 mars. Tout dépend en effet de comment.

Le covoiturage courte distance est le plus écolo

Partager sa voiture avec d’autres voyageurs est mieux de que de voyager seul. Sur ce point, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise ne le nie pas. En revanche, elle explique que le covoiturage pousse aussi les Français à opter pour la voiture, surtout pour les trajets longue distance. « Même si le taux d’occupation moyen est élevé (3,5 passagers/véhicules en moyenne), il faut prendre en compte la pratique à laquelle ce covoiturage se substitue : 12% des personnes n’auraient pas voyagé en l’absence d’une offre de covoiturage et 63% des covoitureurs auraient pris le train », explique l’Ademe. « La réduction d’impact n’est que de 12% quand on prend en compte cette réalité de substitution (effet rebond inclus) », ajoute-t-elle.

C’est sur les trajets courts, domicile-travail par exemple, que le bénéfice écologique est réel. « En l’absence d’une solution de covoiturage courte distance, 80% des gens auraient pris leur voiture seuls », souligne l’organisme. Pratiquer le covoiturage pour des petits déplacements peut donc faire la différence sur l’impact environnemental : il diminue d’autant plus que le taux d’occupation du véhicule augmente (-50% pour 2 passagers, -75% pour 4 passagers). L’Ademe souligne toutefois que 20% des personnes auraient emprunté les transports en commun si elles n’avaient pas eu recours au covoiturage.  La pratique de covoiturage courte distance est encore « mineure ». Avec un taux d’occupation moyen de remplissage (2,56 personnes), elle mériterait, selon l’Ademe, d’être développée.

Location et prêt d’objets : entre voisins

Concernant la location et le prêt de d’objets, cette pratique a un impact positif, comparé à l’achat de matériel neuf, confirme l’Agence. Par exemple, une perceuse utilisée 24 fois par an en étant louée à 3 particuliers permet une réduction d’impact d’environ 60% par utilisation par rapport à un usage habituel. Toutefois, il faut considérer l’impact du transport de l’équipement. « La logistique peut générer des impacts négatifs évalués jusqu’à +60% par rapport la pratique conventionnelle. La localisation du bien n’est donc pas à négliger », estime l’Ademe qui plébiscite plutôt la location entre voisins. Pour l’échange et le dons de biens, c’est la même chose.

Enfin, quant aux locations d’appartements entre particuliers, les impacts environnementaux sont difficiles à évaluer. Tout dépend de la surface du logement. Mais l’Ademe pointe surtout les effets rebonds : la diminution des prix de la location peut augmenter le temps de séjour ou encourager les destinations plus éloignées, nécessitant de se déplacer en avion.

Marine VAUTRIN

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