Emballages alimentaires : les huiles minérales inquiètent

Publié le 10 mai 2017 à 9:42 Aujourd'hui

L’Anses a rendu son avis sur les huiles minérales contenues dans les emballages alimentaires. Elle estime « nécessaire » de réduire la contamination des aliments par ces composés jugés nuisibles pour la santé.

Les huiles minérales (MOH) sont des mélanges complexes issus du pétrole brut constitués d’hydrocarbures saturés d’huile minérale (MOSH) et d’hydrocarbures aromatiques d’huile minérale (MOAH). Elles sont principalement utilisées dans les encres et adhésifs des emballages alimentaires en papier et en carton, et peuvent migrer vers les aliments secs (pâtes, riz, lentilles). Problème, certains MOAH sont reconnus comme génotoxiques et mutagènes. Dans un avis daté de 2012, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait d’ailleurs considéré l’exposition aux MOSH comme préoccupante et l’exposition aux MOAH comme « particulièrement » préoccupante.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail a donc été saisie pour évaluer les risques dus à la migration des huiles minérales dans les denrées alimentaires à partir des emballages. Dans son expertise, publié mardi 9 mai, l’Anses préconise dans un premier temps de « mieux caractériser la composition des mélanges de MOH ». En l’absence de connaissances suffisantes, elle recommande de « valider une méthode analytique spécifique et robuste permettant de déterminer la composition des mélanges d’huiles minérales ». Une meilleure connaissance de la composition des mélanges est « un prérequis avant de pouvoir proposer des recommandations d’ordre toxicologique », estime l’Agence. Elle recommande notamment la réalisation d’études de toxicité supplémentaires « menées sur des mélanges représentatifs de MOSH auxquels le consommateur est exposé ».

Limiter l’exposition

En revanche, compte tenu du caractère génotoxique mis en évidence pour certains MOAH, l’Anses juge qu’il est « nécessaire de réduire la contamination des denrées alimentaires par ces composées en priorité ». Pour limiter l’exposition du consommateur, elle recommande en particulier « d’utiliser des encres d’impression, colles, additifs et auxiliaires technologiques exempts de MOAH dans le procédé de fabrication des emballages en papiers et cartons ».

L’Agence sanitaire préconise d’appliquer le même principe de précaution aux produits utilisés « dans le domaine de l’impression ». En effet, « les journaux et autres supports imprimés entrant dans la filière recyclage sont identifiés comme les principales sources d’huiles minérales dans les emballages alimentaires en papiers et cartons recyclés ». Elle préconise aussi de conduire des études permettant d’identifier, au cours du procédé de recyclage, les étapes (tri, fabrication de la pâte à papier) conduisant à l’introduction de MOH dans les emballages alimentaires. « Ceci permettra d’identifier les leviers technologiques permettant de réduire la contamination des fibres recyclées (tri plus efficace, réduction des contaminations croisées, amélioration du procédé de désencrage etc.) », explique l’Anses. Autre recommandation : l’utilisation de barrières permettant de limiter la migration des MOH de l’emballage vers les aliments.

Leclerc : plus d’emballages contaminés aux hydrocarbures

Fin octobre 2015, l’ONG Foodwatch avait alerté les consommateurs sur la présence de produits chimiques contaminants dans les emballages de certains produits. Ce qui était notamment le cas du riz, des pâtes ou encore des lentilles. Tous étaient contaminés par des huiles minérales potentiellement cancérogènes et mutagènes. L’association avait alors lancé une pétition à destination des autorités européennes, pour fixer des limites strictes sur la quantité d’huiles minérales présentes dans les aliments (ce qui n’est pas encore le cas) et rendre obligatoire l’utilisation de barrières adéquates pour tous les emballages en papier et carton.

Plusieurs grands groupes de l’industrie agroalimentaire se sont engagés à respecter des seuils de présence des huiles minérales dans les aliments. Ce qui est le cas de Carrefour, Intermarché, Lidl, Casino et Système U. En novembre 2016, l’enseigne E.Leclerc avait annoncé vouloir supprimer tous les emballages contaminés aux hydrocarbures de ses rayons dès 2017.

Marine VAUTRIN

Sur le même thème