Un filet de poulet fabriqué en laboratoire, ça vous dit ?

Publié le 20 mars 2017 à 9:37 Demain

Memphis Meats, une entreprise californienne basée dans la Silicon Valley, a réussi à produire de la viande synthétique de poulet et de canard à partir de cellules souches. Une première.

Après les nombreux scandales sanitaires, de nombreux consommateurs délaissent la viande. Mais une entreprise californienne, baptisée Memphis Meats, a elle trouvé une solution : fabriquer une viande sans animal. À savoir produire de la viande sans tuer d’animaux. Après les boulettes de bœuf dévoilées en 2016, la start-up a récemment annoncé qu’elle avait réussi à produire de la viande de poulet et de canard artificielle. La viande a été fabriquée par division cellulaire. Concrètement, des cellules souches sont prélevées chez des animaux vivants, puis placées dans des cuves avec des nutriments.

Une viande « propre »

Avec ce procédé, l’entreprise souhaite ainsi proposer de la viande « propre », autrement dit, avec un impact environnemental réduit et un risque sanitaire plus faible. Plus besoin aussi d’abattre les volatiles. La question du bien-être des animaux est également écartée. Pour le co-fondateur de Memphis Meats, le Dr Uma Valeti, il s’agit d’un « pas historique pour le mouvement ‘viande propre’ (…) Le poulet et le canard composent le repas de nombreuses cultures dans le monde, mais l’élevage conventionnel génère de nombreux défis environnementaux, en matière de bien-être animal et pour la santé humaine. Il est aussi insuffisant, donc notre objectif est de produire de la viande de qualité, abordable et durable dans de meilleures conditions ».

Des testeurs conquis

Lors d’un événement organisé mercredi 15 mars à San Francisco, Memphis Meats a fait goûter à plusieurs personnes du poulet frit et du canard à l’orange. Selon un journaliste du Wall Street Journal, la texture serait « plus spongieuse que pour une poitrine de poulet entière » mais le goût « battrait presque celui d’une variété traditionnelle » Pour Emily Byrd du Good Food Institute, « la sensation en bouche était superbe et tendre », a-t-elle confié au Telegraph, affirmant même qu’elle n’avait jamais dégusté un si bon canard de sa vie.

Memphis Meats espère pouvoir commercialiser sa viande à l’horizon 2021. Pour cela, elle devra tout d’abord réduire les coûts de production (environ 15 000 dollars pour un morceau) et ensuite convaincre les consommateurs de manger de la viande fabriquée en laboratoire. Sur ce point, c’est moins sûr… En France, une étude de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) indiquait que les consommateurs n’étaient pas prêts à en manger.

Marine VAUTRIN

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