En France, 10 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées tous les ans

Publié le 26 mai 2016 à 12:38 Aujourd'hui

Dix millions de tonnes de produits alimentaires sont perdues ou gaspillées chaque année, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, alors que des gestes simples permettent de réduire le gaspillage alimentaire.

Afin de sensibiliser au gaspillage, l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a lancé une campagne nationale intitulée « Ça suffit le gâchis ». Car les résultats enregistrés sont très alarmants. En effet, l’étude révèle que dans le monde, 1/3 des aliments est gaspillé. En France, le gaspillage alimentaire est estimé à 10 millions de tonnes par an, c’est-à-dire que 19% (environ 1/5) de nourriture va à la poubelle alors qu’elle est encore consommable. Cela représente 16 milliards d’euros par an jetés et 3% de nos émissions de gaz à effet de serre : un impact carbone de 15,3 millions de tonnes de CO2, soit cinq fois plus que les émissions dues aux avions effectuant des vols intérieurs !

Chaque consommateur gaspille 26 kg de nourriture par an, ce qui représente « environ 30 g par repas et par convive ». Parmi cette lourde perte, 7kg sont des produits encore emballés ! Mais les pertes et gaspillages sont « quatre fois plus importants » dans les restaurants scolaires ou d’entreprises, avec 130g par repas et par convive. Ce n’est donc pas vraiment un comportement « non responsable » qui est pointé du doigt mais plutôt les contraintes imposées dans ce type de restauration. « Le choix est imposé, il est difficile d’ajuster les portions à chacun et très rarement possible de conserver ce que l’on n’a pas fini », explique l’Ademe.

Ce qui est le plus gaspillé

L’Ademe a étudié l’impact du gaspillage alimentaire des ménages. Parmi les aliments les plus gaspillés ou perdus, arrivent en première position les légumes (31%) suivis des lipides (24%) et des fruits (19%).

Les pertes alimentaires ne sont pas concentrées uniquement sur la phase de consommation, contrairement aux idées reçues. Le gaspillage commence en effet dès la production, dans les exploitations agricoles. « On observe des pertes et gaspillages à chaque étape de la chaîne alimentaire », constate l’Ademe. Ainsi, 33% du total des pertes et gaspillages sont observés au moment de la consommation, 32% au niveau de la production, 21% dans la transformation et 14% à l’étape de la distribution. Mais « plus de 40 %» de leur valeur correspond à l’étape de consommation, car la valeur d’un produit augmente tout au long de la chaîne alimentaire, du fait du coût du transport, de la transformation, de la vente ou de la publicité, relève l’étude. Les consommateurs et les distributeurs sont très exigeants quant à l’esthétique du légume ou du fruit, comme par exemple, pour les salades, les pertes et gaspillages sont « importants à chaque étape ». Idem quand une pomme de terre a un mauvais calibre ou une carotte est biscornue, on les jette.

Les gestes à adopter

Dans sa campagne de sensibilisation l’Ademe présente donc des gestes simples à suivre pour réduire le gaspillage, tels que faire une liste de courses, manger avant d’aller faire les courses afin de ne pas s’éparpiller et acheter des produits inutiles ou en trop grande quantité, ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre à la cantine, ne pas acheter en gros si on n’est pas sûr de tout consommer avant la date de péremption, bien conserver ses aliments.

L’Ademe a fait appel en 2014 à un panel de 20 foyers témoins à qui des gestes simples ont été dictés. Ces derniers ont ainsi pu économiser près de 60 euros par personne et par an. En ce qui concerne les entreprises, elle recommande de développer les circuits courts pour limiter le transport et éviter d’avoir des produits abimés. L’agence encourage aussi la population à faire des efforts en acceptant par exemple les défauts des légumes moches et pour ceux qui ont un potager, de partager leur récolte. D’ailleurs il existe des sites en France, comme Madeinpotager.com qui proposent des solutions anti-gaspillage permettant aux producteurs et amateurs de bons produits d’échanger, donner et vendre leur surplus de fruits et légumes. Une belle initiative !

La publication de cette étude intervient alors que le Parlement a voté en février des mesures de lutte contre le gaspillage alimentaire. L’objectif 2025 des pouvoirs publics est de réduire de 50 % le gaspillage sur l’ensemble de la chaîne alimentaire mais tout dépend de l’implication de chacun, aussi bien des professionnels que des consommateurs. Ces derniers peuvent évaluer le taux de déchets gaspillés sur une ou deux semaines.

Roumaissa Benahmed

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