Le fromage vous dégoûte ? Voici pourquoi

Publié le 18 octobre 2016 à 15:56 Aujourd'hui

Des chercheurs français ont découvert l’origine du dégoût qu’ont certaines personnes pour le fromage. À qui la faute ? Le cerveau.

Symbole de la gastronomie française, le fromage s’invite sur presque toutes les tables, que ce soit au moment de l’apéritif ou à la fin d’un bon repas. Camembert, crottin de chèvre, Munster, Reblochon… Celles et ceux qui en raffolent ont le choix parmi les 1 600 variétés existantes. Pour les autres, c’est un vrai supplice. Rien que l’odeur les rebute. Ils prennent leurs jambes à leur coup dès que l’on pose un fromage près d’eux. Les chercheurs du Centre de recherche en neuroscience de Lyon et du laboratoire Neuroscience Paris-Seine ont cherché à savoir d’où venait ce phénomène de dégoût, jusqu’ici encore mystérieux. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Frontiers in Human Neuroscience.

Le fromage est un des aliments les plus détestés en France

Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, le fromage est l’un des aliments les plus detestés en France. Selon un sondage réalisé par les neuroscientifiques français, sur 332 personnes, 6% sont dégoûtées par le fromage, loin devant le poisson (2,7%) ou la charcuterie (2,4%). Parmi les réticents au fromage, 18% se disent intolérants au lactose et dans 47% des cas, au moins un membre des personnes de leur famille n’aime pas non plus le fromage.

Intrigués, les chercheurs ont décidé de savoir ce qui se passe dans le cerveau. 15 personnes aimant le fromage et 15 autres dégoûtées par l’aliment ont été sélectionnées et ont participé à une étude d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. « Elles ont ainsi été confrontées simultanément à l’image et l’odeur de six fromages différents et de six autres types d’aliments témoins. Elles devaient affirmer si elles appréciaient ou pas l’odeur et la vue de ces aliments, puis si, à ce moment précis, elles avaient envie de les manger », explique le CNRS dans un communiqué.

Le circuit de la récompense

Les neuroscientifiques ont ainsi découvert que, chez les personnes qui n’aimaient pas le fromage, le pallidum ventral, une petite structure habituellement activée lorsque l’on a faim, était totalement inactive lorsque le produit tant détesté était présenté. En revanche, elle était activée par tous les autres types d’aliments. Plus surprenant, ils ont constaté que des aires cérébrales, le globus pallidus et la substantia nigra, qui participent au circuit de la récompense (activées quand on adore quelque chose), étaient plus impliquées chez les personnes qui détestent le fromage que chez celles qui l’apprécient.

« Il semble donc que ces structures classiquement impliquées dans le traitement de la récompense sont aussi sollicitées en réponse à un stimulus aversif », expliquent les auteurs de l’étude. Une dualité qui suggère que ces « régions comprennent deux types de neurones avec des activités complémentaires : l’une liée au caractère récompensant d’un aliment, l’autre à son caractère aversif ». Le circuit de la récompense peut aussi encoder le dégoût.

Justine Dupuy

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