Fusion Bayer/Monsanto : la Commission européenne ouvre une enquête

Publié le 23 août 2017 à 18:21 Aujourd'hui

La Commission européenne a ouvert une enquête « approfondie » sur le projet de rachat de Monsanto par Bayer. Elle craint que cette opération réduise la concurrence sur des activités déjà très concentrées.

Le rachat du roi des pesticides et semences OGM Monsanto par le groupe allemand de pharmacie et d’agrochimie n’inquiète pas seulement les ONG. La Commission européenne a annoncé mardi 22 août l’ouverture d’une enquête « approfondie » sur cette acquisition, dont le montant est estimé à 66 milliards de dollars (56 milliards d’euros). L’exécutif européen redoute que cette fusion, qui créerait « la plus grande entreprise intégrée du monde dans les secteurs des pesticides et des semences », ne réduise, voire élimine la concurrence dans des activités déjà très concentrées. Celle-ci pourrait notamment « entraîner une hausse des prix, une baisse de la qualité, une réduction du choix et un recul de l’innovation », souligne la Commission dans un communiqué.

Le monopole Bayer-Monsanto ?

L’inquiétude porte sur trois marchés : les herbicides non sélectifs, les semences et les caractères agronomiques (caractéristiques d’une plante). Concernant les pesticides, le géant américain Monsanto est un poids lourd notamment avec son fameux glyphosate, plus connu sous le nom de Roundup. Il s’agit d’ailleurs de l’herbicide non sélectif le plus vendu en Europe. Bayer, lui, produit du glufosinate d’ammonium, l’une des rares alternatives du glyphosate. « Monsanto et Bayer sont deux entreprises parmi le nombre limité de concurrents présents dans ce domaine et capables de découvrir de nouvelles substances actives et de développer de nouvelles formulations, et notamment de s’attaquer au problème croissant de la résistance des mauvaises herbes aux produits existants », note la Commission. Du côté des semences, en particulier dans le colza, Monsanto est leader en Europe. Bayer est, lui, numéro un mondial. Enfin, Monsanto occupe une place dominante sur presque tous les marchés de caractères agronomiques et ce, dans le monde entier. Bayer se trouve être l’un des seuls concurrents de Monsanto dans ce domaine.

« L’entité issue de la concentration détiendrait non seulement le plus grand portefeuille de pesticides, mais serait également l’acteur le plus puissant sur les marchés mondiaux des semences et des caractères agronomiques », indique la Commission qui approfondira « son enquête pour déterminer si l’accès des concurrents aux distributeurs et aux agriculteurs est susceptible de devenir plus difficile dans le cas où Bayer et Monsanto viendraient à grouper ou à lier leurs ventes de pesticides et de semences ».

L’UE doit se prononcer d’ici au 8 janvier 2018. Celle-ci a déjà donné son aval à deux grandes fusions dans l’agrochimie : entre Dow et DuPont et entre Syngenta et ChemChina. La Commission a indiqué coopérer avec d’autres autorités de concurrence, notamment avec le ministère américain de la justice et les autorités de la concurrence de l’Australie, du Brésil, du Canada et de l’Afrique du Sud. Le 31 juillet dernier, Bayer et Monsanto ont présenté des engagements afin de répondre à certaines préoccupations exprimées par la Commission. Celle-ci a toutefois estimé « que ces engagements ne suffisaient pas à dissiper clairement ses doutes sérieux quant à la compatibilité de l’opération avec le règlement de l’UE sur les concentrations ».

 

Marine VAUTRIN

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