Gaspillage alimentaire : les grandes surfaces sur la bonne voie

Publié le 8 février 2018 à 13:18 Aujourd'hui

Deux ans après l’entrée en vigueur de la loi Garot, les grandes surfaces ont pleinement intégré la lutte contre le gaspillage alimentaire dans leur stratégie, révèle une étude Ipsos pour Comerso. La pratique du don aux associations s’est largement répandue. 

Il y a deux ans, le 11 février 2016, la France entérinait une loi contre le gaspillage alimentaire, dite loi Garot. Depuis, où en sont les magasins ? Sur la bonne voie, comme le révèle le premier baromètre* de la valorisation des invendus en grande distribution, établi par Comerso acteur phare dans le domaine de l’anti-gaspillage et de la logistique du don, en partenariat avec Ipsos. Selon ce dernier, les grandes surfaces ont pleinement intégré « les pratiques anti-gaspillage dans leur stratégie et dans la gestion du cycle de vie de leurs produits ». L’étude révèle que 63% magasins sondés avaient déjà mis en place des actions anti-gaspillage avant la loi Garot. Mais que 35% ont aussi accéléré les efforts suite à l’entrée en vigueur du texte. En moyenne, chaque magasin a mis en place 5,4 actions pour réduire le gaspillage alimentaire, que ce soit en amont ou en aval.

Parmi les mesures phares : le don aux associations, comme l’exige la loi. 93% des magasins interrogés pratiquent le don et interagissent en moyenne avec 2,1 associations. 45% d’entre eux sont collectés chaque jour. La majorité des acteurs de la grande distribution (94%) met en avant la dimension sociale du don (en externe et en interne), et 79% d’entre eux se sont également investis dans cette démarche pour des raisons financières (économie fiscale et coût de traitement des déchets). « Tous les jours, nous entendons les équipes magasins témoigner de leur « soulagement » de moins jeter, et de donner les produits aux bénéficiaires des associations. La grande distribution a souvent été décriée dans ses pratiques, et le don, via sa dimension sociale et sociétale, permet de contrebalancer cette image. Les magasins qui s’impliquent réellement dans cette démarche en ont fait un véritable projet d’entreprise, donnant ainsi du sens au quotidien des équipes », souligne Comerso dans l’étude. Et d’ajouter : « Le don permet aussi, via le cadre légal en vigueur, de réaliser des économies non négligeables de deux types : économie fiscale et du coût de traitement des déchets. Une motivation supplémentaire indéniable pour les magasins ». En revanche, 55% des magasins ne donnent pas tous les jours, ce qui implique de jeter encore les produits frais les jours de non passage. En matière de logistique, 84% des denrées sont collectées par les associations et 16% par des sociétés externes.

Autre action menée : une meilleure gestion des stocks. Celle-ci est effectuée par 98% des magasins interrogés.

Sensibilisation et stickage

La lutte contre le gaspillage alimentaire passe aussi par la sensibilisation. 52% des magasins organisent en effet des formations anti-gaspi pour leurs employés et 32% font même appel à un coach spécialisé dans ce domaine. 37% des grandes surfaces alimentaires ont aussi choisi de mener des actions de sensibilisation en direction des clients. 39% pratiquent également l’utilisation et la transformation des produits et 26% la vente assistée sur les fruits et légumes.

En magasin, pour accélérer les ventes de produits à dates courtes, le stickage est devenu une pratique courante. 92% des magasins l’ont adoptée. « L’accélération des ventes des produits à date courtes, via le stickage, est un levier clef et efficace pour lutter contre le gaspillage. Le stickage, pratique autrefois plutôt réservée aux rayons non alimentaires via les soldes de fin de série, s’est développé sur les rayons frais, et permet aux magasins l’ayant adopté de lutter efficacement contre le gaspillage », indique Comerso. Cette pratique est aussi bénéfique pour les clients puisqu’en moyenne « les remises se situent le plus souvent entre -30% et 40% ».

Enfin, pour diminuer au maximum les déchets, 60% des magasins interrogés déclarent avoir mis en place un tri biodéchets. « Il s’agit sans surprise des hypermarchés qui se doivent d’être en adéquation avec le cadre légal en vigueur ». Toutefois, 10% des magasins seulement pratiquent la valorisation des biodéchets par des filières spécifiques. Pour Comerso, « des progrès doivent donc encore être réalisés. Là encore, le développement d’un écosystème de partenaires au service de cette approche durable (logisticiens, spécialistes de la collecte et de la méthanisation, agriculteurs…) permettra aux magasins d’aller plus loin ».

Résumé de l’étude en infographie :

 

*Méthodologie : Interviews menées sur la base d’un fichier de contacts regroupant 6 000 enseignes de supermarchés / hypermarchés / drive – 164 directeurs / directrices d’hypermarchés / supermarchés en France – Par téléphone, du jeudi 7 au vendredi 15 décembre 2017.

Marine VAUTRIN

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