La hausse du CO2 entraîne la baisse de la qualité du riz

Publié le 25 mai 2018 à 16:00 Aujourd'hui

Une étude publiée dans la revue ScienceAdvances mercredi 23 mai atteste que l’augmentation de dioxyde de carbone dans l’air diminue la qualité nutritionnelle du riz, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses pour la santé des pays d’Asie du Sud-Est.

Les émissions de CO2 dans l’atmosphère contribuent dans une large mesure à l’augmentation de l’effet de serre. En 2017, les émissions de CO2 sont reparties à la hausse, une première depuis les vingt-trois dernières années. À des concentrations élevées, le CO2 devient toxique pour l’homme. Il accélère quasi-immédiatement son débit respiratoire qui passe de 7 à 26 litres par minute. À 0,1% par exemple, il devient un facteur d’asthme. À partir de 4% le seuil de ses effets irréversibles sur la santé est atteint, ce qui justifie une évacuation immédiate de la zone impactée. À partir de 10 minutes, la personne meurt.

Selon une étude publiée dans la revue ScienceAdvances mercredi 23 mai, le niveau de dioxyde de carbone rejeté dans l’air cette année va altérer le niveau de protéines, de nutriments et de vitamines contenus dans le riz d’ici à la fin du siècle. Précisément, la teneur en protéines du riz baisserait d’environ 10%, le fer de 8%, le zinc de 5% et les vitamines B1 et B2 de 10 et 30%. Actuellement, le riz est une céréale qui apporte le quart de ses calories à la population mondiale. En diminuant ses apports nutritionnels, le CO2 impacterait la santé des pays d’Asie du Sud-Est comme le Bangladesh, le Laos, Myanmar ou encore le Cambodge. Dans ces pays, ce sont 600 millions de personnes qui tirent leur énergie du riz et qui seront alors soumis à des troubles dans leur développement cognitif, dans leur métabolisme et dans leur système immunitaire.

Le carbone attaque les qualités nutritionnelles des végétaux

Les chercheurs ont expérimenté un débit de gaz à un taux de CO2 entre 568 et 590 ppm sur deux rizières en Chine et au Japon qui comporte 18 variétés de riz différentes. Les expériences ont montré qu’exposées au carbone, les plantes atteignaient une taille plus grosse mais au prix de la diminution de leurs qualités nutritionnelles. L’augmentation de taille s’explique par une concentration faible de CO2 qui favorise la croissance des végétaux. Mais il a été démontré par d’autres expériences en serre que cette croissance n’était valable que jusqu’à un certain seuil au-delà duquel elle stagnait ou même diminuait. Concernant la perte de nutriments, il est suggéré par les chercheurs que la hausse de CO2 augmente le taux de glucides produit lors de la photosynthèse ce qui réduit celui des protéines et des minéraux. L’an dernier, une étude publiée par l’université de Harvard estimait que le réchauffement climatique pouvait réduire les protéines du riz mais aussi du blé, de l’orge et des pommes de terre. Pour pallier les carences en vitamine qu’entraînent le carbone, les chercheurs recommandent à la fois un menu équilibré avec des fruits, des légumes et des bonnes sources de protéines, mais aussi des techniques d’hybridation pour obtenir un riz moins affecté par la hausse du CO2 dans les pays les plus démunis. D’ici 2050, 150 millions de personnes pourraient souffrir de carence en protéines.

Claire Lebrun

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