Les légumes vont se raréfier à cause du réchauffement climatique

Publié le 12 juin 2018 à 12:31 Aujourd'hui

Selon une étude publiée le lundi 11 juin dans les comptes-rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS), les légumes pourraient devenir plus rares dans le monde à cause du réchauffement climatique d’ici 2100.

Le réchauffement climatique ne cesse de croître au fil des années, malgré les nombreuses alternatives écologiques qui se créent. Le chercheur au GIEC Jean Jouzel le déclarait en 2015, il est déjà « un peu trop tard » pour limiter l’augmentation de la la température mondiale à 2 degrés d’ici 2100. Les scientifiques s’accordent même aujourd’hui à dire que la température grimpera sans doute à plus de 4 degrés. Selon l’Atlas climatique, site interactif conçu par des chercheurs de l’université de Winnipeg, les journées les plus chaudes de l’année au Canada pourraient atteindre les 43,8 degrés celsius dès 2050. Au mois d’août de la même année, en France, les températures avoisineraient les 40 degrés. Un triste bilan auquel vient s’ajouter une nouvelle inquiétante. Selon les chercheurs, les légumes pourraient devenir plus rares partout dans le monde à cause de l’air plus chaud et des ressources plus faibles en eau. Si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas et que de nouvelles formes de cultures plus résistantes ne sont pas mises en place, la hausse des températures de 4°C réduirait en moyenne les récoltes de 31,5%. Une situation alarmante qui affecterait en premier les pays d’Afrique, mais aussi ceux d’Europe et d’Asie du Sud.

Il faut soutenir une agriculture qui résiste mieux aux changements climatiques

Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont analysé 174 études consacrées à l’impact environnemental sur les récoltes et les contenus nutritifs de légumes depuis 1975. « Nous avons compilé pour la première fois toutes les preuves disponibles de l’impact du dérèglement climatique sur les récoltes et la qualité des légumes et légumineuses », a résumé Alan Dangour, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, à l’AFP. « Notre analyse suggère que si nous continuons comme si de rien n’était, le dérèglement climatique réduira considérablement la disponibilité globale de ces aliments importants », a-t-il ajouté. « Il faut agir d’urgence, y compris en soutenant une agriculture qui résiste mieux aux changements climatiques et cela doit être une priorité des gouvernements à travers le monde », insiste M. Dangour. D’ici la fin du siècle, l’étude atteste qu’il y a « 86% de chances (…) pour que les quatre grands exportateurs de maïs connaissent une mauvaise année de façon simultanée ».

Pour contrer ce fléau, le développement de cultures agricoles résistantes au changement climatique est déjà en cours. « Par exemple, dans les régions productrices de maïs du Kenya et du Mozambique, les agriculteurs rejettent les nouvelles variétés hybrides de maïs, et privilégient les variétés traditionnelles existantes en raison du manque de précipitations et de la difficulté d’obtenir les intrants nécessaires pour cultiver des semences hybrides ». Egalement, des horticulteurs internationaux ont mis au point « 30 nouvelles variétés de haricot résistantes à la chaleur et donc à la hausse des températures en Afrique ». L’objectif est également de faire face aux « prévisions selon lesquelles, d’ici 2050, le changement climatique pourrait réduire de 50% la superficie des terres adaptées à la culture des haricots ». Plus encore, « l’Institut international de recherche sur le riz et ses partenaires ont également annoncé, début 2015, l’introduction de 28 nouvelles variétés de riz à haut rendement et résistantes aux stress, destinées à aider les agriculteurs à maintenir des rendements élevés. Ces variétés comprennent un riz résistant à la salinité pour la Gambie, un riz résistant au froid pour le Mali et le Sénégal, et un riz tolérant la toxicité ferreuse pour le Burkina Faso, le Ghana et la Guinée ».

Claire Lebrun

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