Taxe d’habitation, ISF : ce sera pour 2018
Publié le 10 juillet 2017 à 12:59 Aujourd'hui
Micmac dans le calendrier des réformes. Contrairement à ce qu’annonçait Édouard Philippe la semaine dernière, le gouvernement compte mettre en place l’exonération de la taxe d’habitation et la réforme de l’ISF et ce, dès 2018.
Il l’avait promis durant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron souhaite bien réformer l’impôt de solidarité sur la fortune et la taxe d’habitation. Lors de son discours de politique générale, Édouard Philippe avait annoncé que la promesse de campagne du Président ne serait effective que « d’ici la fin du quinquennat ». Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, avait justifié l’annonce en indiquant à tort qu’Emmanuel Macron n’avait jamais fixé de calendrier.
Dimanche, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait lui-même reconnu qu’aucun calendrier avait été fixé pour les réformes fiscales. « Édouard Philippe a donné de grandes directions dans son discours de politiques générales, mais il n’y a pas de calendrier précis qui soit sorti, ce sera dans quelques semaines et nous verrons quels seront les arbitrages définitifs », a-t-il expliqué sur BFMTV. Après un rétropédalage du rétropédalage, le Président de la République a décidé d’appliquer ces promesses pour début 2018, selon Bercy qui a confirmé l’information ce lundi 10 juillet.
Taxe d’habitation, 80% des français bénéficiaires dès 2018
Au début de l’année, 80% des ménages français verront leur taxe d’habitation supprimée. Et les premiers à en jouir seront les propriétaires avec des petits revenus. L’idée étant de faire baisser la taxe d’habitation pour les retraités qui bénéficient d’une pension légèrement supérieure à 1200 euros par mois. Le report de cette mesure avait été vu d’un mauvais œil. Il semblerait que le chef de l’État souhaite changer de cap afin de calmer le jeu.
Pour bénéficier de cette exemption, le revenu fiscal ne devra pas dépasser 20 000 euros par an et par part (40 000 euros pour un couple). L’objectif est de redonner du pouvoir d’achat aux Français, et en particulier aux plus modestes. Cette mesure sera mise en place par paliers pour un effacement total en 2020. Mais la note risque d’être salée puisqu’en année pleine, elle devrait coûter dix milliards d’euros à l’État.
Le gouvernement est coincé
Pour le moment, le gouvernement semble être coincé entre les promesses fiscales d’Emmanuel Macron et son engagement à rester sous le seuil des 3% de déficit. Et selon la Cour des comptes, l’état des finances publiques est alarmant. Le gouvernement devra trouver environ cinq milliards d’euros pour respecter l’objectif sur l’année 2017. Quant à 2018, il devra trouver entre 15 et 20 milliards d’euros. Des mesures qui devraient se traduire par un cruel manque à gagner pour les caisses de l’État. Le gouvernement doit donc recourir à certains « artifices ». Édouard Philippe a annoncé samedi 8 juillet une baisse des prélèvements obligatoires « d’environ sept milliards d’euros » en 2018. Il s’agit ici de mesures déjà décidées par François Hollande en 2016.
Ces sept milliards recouvrent la montée en charge du CICE et l’extension du crédit d’impôt pour les services à la personne qui sont prévus d’entrer en vigueur l’an prochain. Ce qui ne donne plus aucun sens à l’annonce du Premier ministre. Côté gouvernement on se veut rassurant. « Je suis convaincu qu’on peut à la fois baisser les dépenses publiques et baisser les impôts pour les Français et les entreprises. Je pense qu’on peut faire les deux en même temps », a indiqué Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances, à l’AFP.