Comment l’industrie du sucre a minimisé le rôle du sucre dans les maladies cardiovasculaires
Publié le 14 septembre 2016 à 11:40 Aujourd'hui
L’industrie du sucre a réussi à influencer l’opinion publique en écartant l’idée que le sucre a un rôle dans le développement des maladies cardiovasculaires. Une étude américaine révèle que des scientifiques ont été payés, il y a plus de 50 ans, pour publier des travaux accusant le gras comme étant seul responsable d’une mauvaise santé.
Pendant longtemps, le gras a tenu le mauvais rôle dans la santé cardiaque. Son excès est en effet mauvais pour la santé car il peut augmenter les chances de développer une maladie cardiovasculaire. Mais le sucre serait tout aussi responsable des mêmes pathologies. Pourtant, son rôle a été minimisé pour que l’attention ne soit portée que sur les graisses saturées. Une idée influencée par l’industrie du sucre même…
Des recherches subventionnées par l’industrie du sucre
Dans un article publié, lundi 12 septembre, dans le Journal of Internal Medicine, des chercheurs ont révélé que le lobby du sucre a largement orienté l’opinion publique, en finançant discrètement une petite communauté scientifique, pour écarter l’idée d’une quelconque responsabilité du sucre dans les maladies cardiovasculaires.
Des documents historiques, découverts dans les archives de l’université d’Harvard, aux États-Unis, révèlent les pratiques secrètes réalisées pour influencer les études sur le sujet. Des scientifiques de l’université d’Harvard ont été payés (l’équivalent de 50 000 dollars actuels, soit près de 44 500 euros), dans les années 1960, par la Sugar Research Fondation (Sugar Association, aujourd’hui) pour publier des travaux discréditant les recherches qui faisaient le lien entre la consommation excessive de sucre et les problèmes de cœur. Ainsi, John Hickson, l’un des dirigeants de cette organisation, choisissait les articles à inclure dans les analyses, ce qui a par la suite clairement influé les recherches.
Pendant plusieurs dizaines d’années, il a été recommandé à la population américaine, pour lutter contre l’obésité notamment, de consommer moins d’acides gras saturés ou de cholestérol et de « privilégier » les aliments riches en glucides. Le New York Times rappelle qu’un des scientifiques payés à l’époque par la Sugar Research Fondation, Mark Hegsted, a été chargé de la nutrition au ministère américain de l’Agriculture. Se basant sur cette étude « orientée », il a proposé des directives diététiques en 1977.
Les industriels influenceraient-ils les recherches ?
L’actuel Sugar Association a réagi suite à la publication de l’étude dans la revue médicale, prétextant qu’il n’était pas nécessaire, dans les années 60, de préciser qui subventionne les recherches. Le New York Times a révélé, en 2015, que Coca-Cola avait investi une grosse somme pour orienter les recherches sur l’obésité, en écartant la faute des sodas et en accentuant plutôt sur la sédentarité. Aujourd’hui, une clause doit être signée pour affirmer qu’aucun conflit d’intérêt n’entre en jeu dans la publication des recherches.
Toutefois, l’organisme rejoint l’idée qu’il aurait dû être plus transparent dans l’ensemble de ses activités de recherche, notamment le fait qu’il ait rémunéré des chercheurs.