Love your waste : la start-up qui fait aimer les déchets aux enfants

Publié le 30 juin 2016 à 10:49 Demain

Love your waste est une start-up qui collecte les biodéchets des restaurants collectifs pour les transformer en biogaz et engrais naturel. Engagée dans le tri, elle milite également contre le gaspillage alimentaire. Depuis avril 2015, ce sont les enfants de l’école Clichy du IXe arrondissement de Paris qui sont ainsi sensibilisés. Et ça marche !

IMG_0827 - copieÀ l’école primaire rue de Clichy du IXe arrondissement de Paris, les douze coups de midi viennent à peine de sonner. Dans la cantine, les enfants commencent à s’installer avec leur plateau. Au menu du jour, une salade de haricots verts en entrée, du poisson et du riz en plat principal et un yaourt accompagné d’un biscuit en guise de dessert. Un repas tout à fait équilibré qui trouve plus ou moins son succès. Certains engloutissent avec appétit leur assiette quand d’autres préfèrent laisser la salade de haricots ou le poisson. Cette scène, nous pouvons la constater dans toutes les écoles, mais ici, à la fin du service, les enfants ne délaissent pas leur plateau sur des tapis ou sur des chariots mis à disposition pour le ramassage. Ils trient leurs déchets. Pas question de tout mettre dans une seule et même poubelle. Les déchets organiques dans une poubelle et les déchets de type serviettes en papier et pots de yaourt dans une autre. Ce geste, les enfants l’effectuent désormais depuis avril 2015.

« L’avenir de leur planète passe par le tri »

À l’origine de cette initiative, la start-up Love your waste, une jeune société parisienne qui collecte les biodéchets des restaurants collectifs pour les transformer en biogaz et engrais naturel. Sensibilisation, tri, collecte, valorisation énergétique… Elle les accompagne dans la gestion de leurs biodéchets. Avec la loi Grenelle II, les établissements sont en effet désormais tenus de trier et de valoriser leurs biodéchets au-delà de 10 tonnes produits par an.

C’est en répondant à l’appel à projet de la Caisse des écoles du IXe arrondissement que la start-up a officié pour la première fois à l’école Clichy. Toutefois, si la caisse des écoles à fait appel à Love your waste, ce n’était pas par obligation, car chaque établissement est loin de produire ces 10 tonnes de biodéchets, mais par volontarisme. Ce fut essentiellement pour « faire comprendre aux enfants que l’avenir de leur planète passe par le tri et la valorisation de leurs déchets », explique Alain Gdula, le responsable qualité de la Caisse des écoles du IXe arrondissement de la capitale.

Allumer sa télévision ou sa console de jeux grâce aux poubelles, il n’en fallait pas plus pour inciter les enfants à trier leurs déchets, mais pas que. Très sensibles au futur de leur planète, les élèves se sont tout de suite impliqués, en témoigne Alain Gdula. « J’ai été très étonné de la compréhension et de l’implication des enfants, et ce dès les premiers jours. D’ailleurs, certains ont même demandé à leurs parents de le faire chez eux », se félicite-t-il. De son côté, Juliette Franquet, l’une des fondatrices de Love your waste, ne « pouvait pas espérer mieux », confie-t-elle. « Il y a une vraie réactivité de la part des enfants ».

137 kilos de biodéchets collectés chaque semaineIMG_0824

Tous les midis, c’est donc le même rituel. Une fois leur repas terminé, les élèves se dirigent vers une petite table spécialement conçue pour le tri. Cette dernière a d’ailleurs été recyclée. « On a pris un ancienne table du réfectoire », précise Alain Gdula. Tandis que les plus jeunes sont aidés par une animatrice de l’école, les plus grands trient leurs déchets d’une facilité déconcertante.

« Les biodéchets sont ainsi stockés dans une poubelle spécifique puis récoltés deux fois par semaine dans un conteneur adapté, le mercredi et le vendredi », explique Juliette Franquet. Chaque semaine, 137 kilos en moyenne de biodéchets sont ainsi collectés à l’école Clichy, ce qui équivaut à environ 21m3 de biogaz et 123 kilos d’engrais. Cette quantité d’engrais couvrirait 492 terrains de tennis !  À noter également qu’1m3 de biogaz, c’est 16 ampoules allumées pendant toute une journée. Ce n’est donc pas rien !

Dans le respect de l’environnement, ils sont ensuite acheminés par des camions fonctionnant au biogaz vers une usine de méthanisation à Gaillon, à une centaine de kilomètres du nord-ouest de Paris. « On essaie de choisir des usines proches et surtout connectées au réseau GRDF afin que le biogaz produit puisse être réinjecté directement. » Impliquée dans la vie locale, la start-up, basée aussi dans le IXe, passe également par une structure de réinsertion locale de chômeurs de longue durée pour le transport. Impact social et environnemental… La société a vraiment tout bon.

Un impact psychologique sur le gaspillage alimentaire

Le tri des déchets est un succès. Mais contre toute attente, c’est aussi dans les assiettes des élèves que la prise de conscience s’est opérée. « Les enfants se rendent maintenant compte des quantités qu’ils mangent, ils restent plus longtemps à table et n’hésitent plus à goûter des aliments afin d’éviter le gaspillage alimentaire, s’étonne Aminata Sakho, la directrice du pôle d’accueil de l’école. Il y a un vrai impact psychologique sur les enfants ». Une prise de conscience dont Love your waste est particulièrement vigilante. Car outre le tri et la collecte, la start-up se mobilise pour réduire le gaspillage alimentaire. Changer les mentalités, voilà aussi le crédo de Love your waste. Formations, sensibilisation… La start-up souhaite accompagner les entreprises, les écoles ou encore les hôpitaux dans cette démarche pour mieux valoriser les déchets.

Depuis son lancement en 2015, la start-up officie désormais dans une vingtaine d’établissements scolaires du IXe arrondissement de la capitale, dont Chaptal, Blanche et Batelière, mais aussi dans d’autres écoles de Paris comme certaines du IIe, du Xe et du XIVe arrondissement. Des entreprises comme L’Oréal font désormais appel à leurs services. Pour mener à bien ses ambitions, Love your waste souhaite désormais étoffer son équipe et réaliser des investissements notamment dans une plateforme d’optimisation logistique et d’analyse de données. La jeune société lève actuellement des fonds sur 1001pact.fr.

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Marine VAUTRIN

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