Lutte contre l’obésité : vers une taxe sur la malbouffe ?

Publié le 2 septembre 2016 à 11:59 Aujourd'hui

En France, un tiers de la population souffre d’obésité ou de surpoids. Afin de lutter contre ce fléau qui coûte très cher à l’État, le Trésor propose de taxer les produits qui font grossir.

 L’obésité est un vrai fléau qui ne touche pas seulement la population française mais aussi les caisses de l’État. Un peu plus de 20 milliards d’euros (1% du PIB), c’est le coût annuel estimé en 2012 de l’obésité, selon une étude de la Direction générale du Trésor, publiée jeudi 1er septembre. Un montant comparable à celui de l’alcool et du tabac.

« Alors qu’elles représentent un peu moins de la moitié de la population, les personnes obèses ou en surpoids contribuent à une part plus élevée des dépenses de santé (56% pour les soins de ville et probablement davantage à l’hôpital) », indique l’étude. Et pour cause, l’excès de poids accroît les risques de diabète, d’hypertension ou de cancers. Dans les cas les plus graves, l’obésité peut conduire à la mort : en Europe, 13% des décès  étaient imputables à l’obésité en 2002. Le phénomène devrait aller en s’accroissant : le nombre de personnes en surpoids devrait atteindre 33 millions en 2030, contre 24,6 millions en 2012.

Une taxe selon la valeur calorique ou la qualité nutritionnelle ?

Ainsi, pour lutter contre l’obésité et surtout diminuer les dépenses de santé publique, la Direction générale du Trésor, antenne de Bercy, propose de s’attaquer à la malbouffe en taxant les aliments trop gras, salés et sucrés. Plutôt que de cibler un produit en particulier, comme ce qui est déjà le cas pour les huiles, les boissons sucrées et énergisantes, le Trésor soumet l’idée de créer une taxe en fonction de leur niveau de calories ou de leur qualité nutritionnelle, comme cela a été fait au Mexique en 2014.

Selon l’étude, pour qu’elle soit efficace, cette taxe devra être conséquente. Une hausse de prix de 1% voire 8% ne serait pas assez dissuasive. L’autre piste envisagée : l’augmentation du taux de TVA sur les produits considérés comme «  nocifs pour la santé », comme l’a fait le Royaume-Uni. Ce taux pourrait passer de 5,5% à 20%.

Toutefois, cette taxe nourriture pourrait pénaliser les ménages les plus modestes, dont le budget nourriture représente une part importante. Pour contrebalancer, le Trésor propose d’adjoindre à la taxation une mesure de redistribution comme une hausse du RSA.

La proposition du Trésor sur cette taxe proportionnelle a cependant été écartée par le secrétaire d’État au Budget Christian Eckert : « pas question de regrouper toutes les taxes en une seule qui tiendrait compte des calories », a-t-il indiqué ce vendredi 2 septembre au micro de RTL, estimant qu’une telle piste serait bien trop complexe.

Autres mesures proposées par le Trésor : limiter l’exposition des jeunes enfants aux publicités vantant des produits peu sains fixer des portions standard dans les cantines, renforcer la pertinence de l’étiquetage nutritionnelle ou encore interdire les distributeurs de nourriture à vitre transparente.

Justine Dupuy

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