Un milliard de fleurs semées pour sauver les abeilles

Publié le 21 juin 2017 à 10:58 Aujourd'hui

L’Observatoire français d’apidologie (OFA) a lancé mardi 20 juin une vaste opération destinée à sauver les abeilles : « des fleurs pour les abeilles ». Au programme, des milliers de graines ont été plantées. L’organisme souhaite mobiliser le public pour que chaque 20 juin des graines soient semées. 

Installé dans le massif de la Sainte-Baume, l’OFA agit depuis 2013 en faveur du repeuplement des abeilles. Le but ? Renforcer la pollinisation nécessaire au maintien de la production agricole. Pour cela, l’OFA a aidé à la création d’exploitations apicoles spécialisées en élevage et en reproduction. Il intervient aussi pour répondre à l’impact de la disparition des abeilles, tout en considérant l’importance écologique et économique de ce pollinisateur. Ceux-ci sont indispensables à la vie végétale mais aussi à la chaîne alimentaire.

Pour y remédier l’OFA se donne trois angles d’action : sélectionner les abeilles les plus résistantes, les multiplier et former les apiculteurs. L’objectif serait de mettre en place d’ici 2025 10 millions de ruches et 30 000 apiculteurs supplémentaires en Europe. À savoir que la baisse d’effectifs des abeilles impacte directement les exploitations agricoles. Selon la dernière évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques, la part de la production végétale attribuée à l’action d’insectes pollinisateurs en France varierait entre 2,3 et 2,5 milliards d’euros par an.

Venir en aide aux pollinisateurs en semant des fleurs à nectar

Mardi 20 juin, l’Observatoire français d’apidologie a lancé une campagne afin d’offrir un garde-manger supplémentaire aux pollinisateurs, une première en France ! C’est 100 000 sachets, contenant chacun 3000 graines, qui ont été semés sur l’ensemble du territoire. Ce qui équivaut à près d’un milliard de fleurs. Parmi les partenaires de cette opération, on retrouvait de grandes entreprises comme Gecina, Guerlain ou encore Yoplait mais aussi des villes comme celle de Nice ou encore Nantes. Nombreuses sont les personnalités qui ont participé à cet événement : le prince Albert II de Monaco, le président du Medef Pierre Gattaz et l’acteur/humoriste Pascal Legitimus. Ils se sont d’ailleurs tous réunis à Sainte-Baume pour lancer, ensembles, cette opération qui devrait devenir annuelle.

Dans les graines distribuées, on retrouve plus de 200 espèces de plantes attractives pour les abeilles. Celles-ci avaient d’ailleurs été présentées au salon « Jardin, jardin » qui se tenait à Paris au début du mois de juin. Ces graines ont été optimisées par des spécialistes de l’Institut technique de l’apiculture et de la Société nationale d’horticulture de France. C’est donc plus de 800 entreprises et 30 000 personnes qui ont participé à la campagne. Selon la vidéo de présentation, ce rendez-vous était l’une des plus vastes opérations entreprise en une journée en faveur d’une espèce menacée. Et pour cause, « les collaborateurs et les clients de ces institutions qui auront reçu des sachets vont semer ce jour-là partout où c’est possible. Ils planteront dans leurs jardins mais aussi sur leurs balcons, les jardins publics ou les friches urbaines », expliquait quelques jours avant l’opération, Thierry Dufresne, président de l’OFA, au Figaro.

Les actions de l’OFA sèment le doute

Bien que cette action soit louable et bonne pour notre écosystème, l’organisme sème tout de même le doute chez les professionnels du secteur. De plus en plus se posent des questions sur les actions mises en place par l’OFA. C’est le cas pour la fondation Lune de miel, premier conditionneur de miel en France, qui a décidé de ne pas renouveler son soutient à l’OFA après deux ans de loyaux services. « C’était important, nous avons donné 15 000 à 20 000 euros par an pour la formation des apiculteurs. Le fondateur de l’OFA a une grande force de conviction, il met son temps et son carnet d’adresses au service de l’apiculture, cela nous a paru intéressant. Puis, on a eu des doutes sur l’efficacité de leurs actions », explique Bernard Saubot, directeur du développement apicole de Famille Michaud apiculteurs, au site Reporterre.

Selon les informations recueillies par le site, le cheptel expérimental mis en place par l’OFA serait moins important que prévu. Les abeilles seraient mal nourries et mal installées. Le territoire de la Sainte-Baume est, en effet, assez limité en ressources mellifères et le travail de recherche aurait à peine commencé, alors que celui-ci est annoncé depuis près de quatre ans. Pour Reporterre, « les faits ne semblent pas suivre le discours ».

Alice Glaz

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