Le mucus de grenouille, nouveau remède contre la grippe ?

Publié le 21 avril 2017 à 12:51 Demain

Chaque année, des milliers de personnes se font vacciner contre la grippe. Mais les scientifiques viennent de faire une découverte étonnante : le mucus de grenouille pourrait nous protéger contre une future épidémie de grippe…

Il existe de nombreuses souches du virus de la grippe et les antiviraux ne sont pas toujours efficaces. Mais pas de panique, des chercheurs du Emory Vaccine Center et du Rajiv Gandhi Center for Biotechnology en Inde ont découvert une potentielle arme contre les épidémies de grippe. Celle-ci n’est autre qu’un composant du mucus de la peau sécrétée par les grenouilles du sud de l’Inde.

Les peaux de grenouilles sont connues pour sécréter des peptides (chaine courte d’acides aminés) qui les défendent contre les bactéries. La découverte des chercheurs, publiée mardi 18 avril 2017 dans la revue Immunity, démontre que les peptides représentent également une ressource pour la découverte de médicaments antiviraux. En effet, les peptides anti-grippaux pourraient être utilisés quand les vaccins ne sont pas disponibles, dans le cas d’une nouvelle souche pandémique ou si les souches circulantes deviennent résistantes aux médicaments.

Tests en laboratoire

Les chercheurs ont recueilli des sécrétions de peau d’un type de grenouille du sud de l’Inde, puis les ont analysées. Chaque peptide identifié a été testé afin de savoir s’il pouvait tuer le virus de la grippe humaine. 32 peptides appropriés ont été par la suite testés sur des souris vivantes infectées par une forte dose du virus de la grippe. Un groupe de souris a reçu une dose d’urumin et l’autre groupe un placebo par voie intranasale. À savoir, que l’urumin a été testé aussi contre d’autres virus comme le VIH, Ebola ou encore la Dengue.

Quatre peptides retenus

Au final, quatre peptides se sont révélés capables de tuer plus de la moitié d’une charge virale H1N1. Le peptide le moins nocif pour les cellules humaines a été nommé « urumin ». Celui-ci s’avère efficace contre différents types de virus H1N1. Grâce à cette molécule, les souris ont perdu moins de poids lors de leur convalescence et la présence du virus dans les poumons a été considérablement amoindrie. Le risque de décès lui aussi a considérablement baissé : 70% des souris traitées avec l’urumin ont survécu contre 20% pour le groupe témoin.

Encore plusieurs années de recherche

Le peptide cible la partie de la structure du virus qui est partagée entre les différentes souches « H1 » nommées « région de la tige ». La recherche sur l’urumin est encore à un stade précoce. Bien qu’il soit efficace contre de nombreux types de virus, comme celui qui a causé la pandémie de la grippe porcine en 2009, il est totalement inutile face à d’autres. La découverte de cette nouvelle molécule intervient dans un moment où l’on se rend compte que les antiviraux ont une efficacité limitée contre la grippe. Il reste encore de nombreux tests à mener mais les résultats obtenus sont prometteurs et apportent un nouvel exemple des vertus thérapeutiques des substances naturelles.

Dans quelques années, l’urumin sera très certainement une alternative de choix dans les traitements contre la grippe.

Alice Glaz

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