Un nouveau néonicotinoïde vient d’être autorisé
Publié le 20 octobre 2017 à 11:20 Aujourd'hui
L’autorisation d’un nouveau néonicotinoïde par l’Agence nationale de Sécurité sanitaire fait bondir l’Union nationale de l’Apiculture. Cette décision vient mettre à mal celle du gouvernement qui souhaite interdire ces substances chimiques d’ici septembre 2018.
Nouveau rebondissement dans l’utilisation des néonicotinoïdes. Alors que sa nocivité a été confirmée, que son utilisation a fait tripler le taux de mortalité des abeilles, et que des résidus de ces produits chimiques ont été retrouvés dans 75% du miel mondial, un nouveau néonicotinoïde vient d’être autorisé en France. Cela fait suite à une décision de l’Agence nationale de Sécurité sanitaire (Anses), qui a rapidement été dénoncée par l’Union nationale de l’Apiculture française (Unaf). Son président, Gilles Lanio, a déclaré lors d’une conférence de presse, « on va remplacer les néonicotinoïdes qu’on va supprimer par un nouveau néonicotinoïde ». Cette annonce tombe au lendemain de la publication d’un rapport qui met en lumière la disparition de plus de 75% des insectes volants.
« Il n’y a aucun risque pour les abeilles »
Concrètement, l’Anses a autorisé le 27 septembre dernier le Closer et le Transform. Ces deux insecticides sont fabriqués par Dow AgroSciences, une filiale de la société Dow Chemical. Ces deux produits chimiques ont pour principe actif le sulfoxaflor. C’est ce dernier qui fait débat. Pour le Dow AgroSciences, le sulfoxaflor « n’est pas un néonicotinoïde ». « Il appartient à une nouvelle famille chimique, les sulfoximines, qui est différente de celle des néonicotinoïdes », déclare à l’AFP le responsable marketing et communication Benoit Dattin. Ce dernier assure même qu’en « respectant les doses homologuées et les précautions d’emploi, il n’y a aucun risque pour les abeilles ».
Abasourdie par cette nouvelle, l’Unaf n’est pas du même avis. Lors d’une conférence de presse le 19 octobre dernier, elle affirme que le sulfoxaflor a « le même mode d’action que les autres néonicotinoïdes ». Et ajoute : « une fois absorbée par la plante, (la molécule) circule dans son système vasculaire jusque dans ses parties florales, et donc le pollen et le nectar ». Le président de l’Unaf rappelle que ce produit chimique est classé comme néonicotinoïde aux États-Unis mais pas encore en France, bien qu’il agisse « pareil ».
Plusieurs mesures pour interdire les néonicotinoïdes
Face à une telle incohérence, Gilles Lanio rappelle à France Info : « le ministre de l’Environnement nous a dit qu’il ne voulait plus des néonicotinoïdes, car c’est une catastrophe écologique. Le président de la République s’est lui-même prononcé sur le sujet en disant qu’il fallait sortir de ce système. » Et ajoute : si là-dessus, Nicolas Hulot ne tape pas du poing sur la table… C’est quand même un ministre d’État ! Ce n’est pas cohérent à la vue des discours prononcés ».
Cette autorisation est en totale contradiction avec une décision datant de juin 2016. La loi sur la biodiversité de 2016 prévoit d’interdire les néonicotinoïdes à partir de septembre 2018, bien que « la loi prévoie certaines modalités d’application transitoires jusqu’en juillet 2020 ». En 2013, l’Union européenne a même restreint l’utilisation de trois des cinq néonicotinoïdes en usage dans les cultures à fleurs. La suppression totale et définitive de ces pesticides en Europe serait actuellement à l’étude.