Nouvelle réglementation pour les fromages AOP de Normandie

Publié le 11 mai 2017 à 15:42 Aujourd'hui

La France est mondialement connue pour ses fromages. Parmi eux, les incontournables normands : camembert, neufchâtel ou encore pont-l’évêque. Depuis le 1er mai, les fromages AOP de Normandie doivent dorénavant attester d’un pourcentage minimum de lait de vaches de race normande. L’occasion aussi pour les autorités de régler la question de l’appellation « fabriqué en Normandie ». 

Depuis le 1er mai 2017, pour pouvoir être certifiés, les fromages AOP de Normandie doivent attester d’un pourcentage minimum de race normande dans les troupeaux producteurs de lait. Le cahier des charges des fromages AOP de Normandie mentionnait déjà la présence de cette race de vaches, mais ce critère n’était pas encore quantifié. À compter de ce mois-ci, pour le livarot, les troupeaux devront être composés à 100% de vaches de race normande, pour le neuchâtel 60% et pour le camembert et le pont-l’évêque 50%.

Nouvelles règles du jeu

Un certain nombre de critères étaient déjà imposés par les cahiers des charges de fromage AOP. À l’aire géographique, le mode de fabrication, la conduite des troupeaux, vient se rajouter la race des vaches. Mais cette nouvelle règle n’arrive pas par surprise, les agriculteurs se préparent depuis 2008 à cette échéance. Bien que l’inscription dans une AOP soit une démarche volontaire, nombreux sont les producteurs qui avaient anticipé ce critère et qui se retrouvent donc aujourd’hui totalement dans les clous des nouveaux cahiers des charges. Le critère n’est donc plus un engagement sur l’honneur, mais il devient dorénavant un véritable critère quantifié et contrôlé. Le nouveau critère de composition des troupeaux n’est pas vu ici comme une contrainte, mais comme un moyen de renforcer l’image de « produits d’excellence » auprès des consommateurs. « Ce nouveau critère valide la promesse faite aux consommateurs. Cela rapproche le camembert de Normandie avec les vaches de Normandie. C’est gravé dans le marbre », précise Charles Deparis, président de l’association de gestion des appellations d’origine laitières, cité par Les Echos. Ce changement de réglementation s’est bien sûr effectué sous l’œil attentif de Bruxelles.

Le combat du camembert

Le camembert est un fromage exclusivement fait à base de lait cru, moulé à la louche en cinq passages espacés de 40 minutes. C’est le seul fromage à bénéficier de l’appellation origine protégée. Mais derrière cela se cache une bataille tout autre, celle des véritables camemberts de Normandie et ceux « fabriqués en Normandie ». En effet, ces derniers ne bénéficient pas de cahiers des charges. Ils peuvent être fabriqués à base de lait pasteurisé ou microfiltré venant d’autres régions du pays. La mention indique seulement que le fromage a été fabriqué dans une usine du Calvados ou de la Manche. Cette situation crée de véritables confusions pour le consommateur. C’est pour cela que l’association de défense et de gestion du camembert de Normandie aimerait pouvoir faire appliquer l’article 13 du règlement européen sur la protection des appellations. Dans leur viseur : les grands industriels. Pour le moment la médiation tarde, mais pour Marie Guittard, la nouvelle directrice de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) : « la situation ne peut pas perdurer, il faut sortir de cette ambiguïté. Nous devons trouver une solution stabilisée et conforme à la réglementation communautaire », indique-t-elle dans un communiqué.

 

Alice Glaz

Sur le même thème