Pâtes, céréales : le glyphosate se retrouve dans notre assiette

Publié le 14 septembre 2017 à 10:46 Aujourd'hui

L’association Générations Futures a fait analyser 30 produits alimentaires (pâtes, légumineuses et céréales) pour savoir s’ils contenaient des traces de glyphosate. 53,3% des échantillons contiennent des résidus de cet herbicide, classé comme cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

À quel point sommes-nous exposés au glyphosate ? C’est ce qu’a cherché à savoir Générations Futures en analysant plusieurs aliments de consommation courante. Pourquoi ? Car le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé au monde et contenu dans le Roundup, est rarement recherché dans nos aliments. « Le nombre de recherches de glyphosate dans les analyses officielles reste limité car il faut mettre en œuvre un test spécifique pour le détecter, ainsi que pour son métabolite l’AMPA, ce qui engendre des dépenses importantes pour la recherche d’une seule molécule et limite donc la mise en œuvre de ces tests spécifiques », explique l’association dans son rapport. Générations Futures a donc souhaité faire ses propres tests.

 53% des échantillons analysés contaminés

L’association a acheté en supermarché et fait analyser par un laboratoire spécialisé 30 produits alimentaires. 8 échantillons à base de céréales ont été passés au crible : 8 céréales pour le petit déjeuner, 7 pâtes alimentaires, 3 autres (petits pains secs, biscottes). Ainsi que 12 échantillons de légumineuses sèches : 7 lentilles, 2 pois chiches, 2 haricots secs, 1 pois cassé. Les résultats sont préoccupants : 16 échantillons sur 30 contenaient du glyphosate, soit 53,3%.

Dans le détail, 7 céréales de petit déjeuner sur 8 contenaient du glyphosate, 7 légumineuses sur 12 en contenaient aussi. Pour les pâtes, 2 pâtes alimentaires sur 7 en contenaient. En revanche, « aucun des 3 autres produits à base de céréales (petits pains secs, biscottes) ne contenaient pas de résidus de l’herbicide.

« Comme le montre notre enquête, la présence de résidus de glyphosate, parfois accompagnés de la présence du métabolite AMPA, est fréquente dans les aliments ciblés. Elle permet, pour une part sans doute importante, d’expliquer la contamination de l’ensemble des personnes testées pour le glyphosate, telle que mise en évidence dans nos recherches du glyphosate dans les urines d’avril 2017 ! » souligne François Veillerette, porte-parole et Directeur de Générations Futures. En avril dernier, l’association avait en effet analysé les urines de 30 personnes âgées entre 8 et 60 ans, habitant en ville ou à la campagne. Parmi les volontaires, on retrouvait des personnalités comme l’ex-ministre de l’Ecologie Delphine Batho et la chanteuse Emilie Loizeau. 100% des échantillons analysés contenaient du glyphosate à une concentration supérieure à la valeur minimale de quantification du test, soit 0,075 ng/ml.

Le glyphosate réautorisé ?

Pour François Veillerette, « il y a donc urgence pour l’Union européenne de renoncer à l’usage de cette molécule cancérogène probable par le CIRC et de faire évoluer en profondeur son modèle agricole devenu trop dépendant des pesticides de synthèse ». La licence du glyphosate expire fin 2017, et le vote sur l’autorisation de l’herbicide devrait avoir lieu le 5 ou 6 octobre prochain lors d’un comité d’experts durant lequel les États européens devront donner leur position. Fin août, la France, qui s’était déjà opposée à un renouvellement en 2016, votera contre la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans la licence du glyphosate dans l’Union européenne.

La dangerosité du glyphosate divise. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a inscrit la substance comme cancérogène « probable », sur la base d’études épidémiologiques. Les expertes de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ont eux estimé que le produit ne devait pas être classé comme cancérogène ou mutagène, c’est-à-dire capable d’engendrer des mutations génétiques. Un avis rejoint par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Voir le rapport complet de Générations Futures ici.

Marine VAUTRIN

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