Pérou : la montagne « arc-en-ciel » menacée à cause des touristes
Publié le 6 mai 2018 à 10:00 Aujourd'hui
Au Pérou, la montagne Vinicunca surnommée « la montagne aux sept couleurs » ou « arc-en-ciel » est un lieu de plus en plus prisé par les touristes. Problème : leur affluence commence à dégrader son environnement.
C’est dans la région de Cuzco, au cœur de la cordillère des Andes, que la montagne arc-en-ciel culmine à 5 200 mètres d’altitude. Son nom originel est « Winikunka », le terme quechois « Wini » faisant référence aux pierres noires qui sont très nombreuses dans la région et kunka au « cou », en écho à la finesse et l’exiguïté de la montagne. Cette dénomination lui vient de ses premiers habitants Quechuas, des descendants des populations Incas. Originellement, le climat de la montagne était froid et elle était recouverte de neige. Le réchauffement climatique a fortement augmenté les températures, dévoilant ses couleurs vives aux yeux du monde il y a seulement cinq ans. Ce sont les sédiments qui se sont accumulés depuis des millions d’années qui lui ont permis de déployer cet aspect multicolore. La couleur rouge est due à l’oxyde de fer, la verte au sulfate de cuivre, et la jaune au soufre.
Ce n’est qu’en 2016 que les premiers visiteurs sont venus contempler ce paysage unique. Dorénavant, de nombreuses agences touristiques de Cuzco proposent sa découverte. Pour la grimper, il faut impérativement le faire à pied ou à cheval, ce qui se fait en 6 heures depuis Cuzco. Il est aussi possible de prendre un mini-bus pour atteindre le bas de la montagne en 2h30. Des circuits organisés proposent des voyages longs, l’un de 3h du matin jusqu’à tard le soir, et l’autre qui s’étale sur deux journées entières. Pour 24h, le prix des agences locales s’élève à 80 soles péruviens (22 euros), celui d’une location de cheval sur place à 50 soles (14 euros) et 70 soles pour un aller-retour. Il vous sera même proposé un retour par la Vallée rouge pour 3 euros supplémentaire, ajoutant une heure de marche au retour. Le vice-ministre du tourisme et les communautés locales ont également monté quatre auberges dans les hauteurs de la ville afin de permettre aux touristes de parcourir la montagne et d’aider économiquement les Quechuas locaux. Ces derniers font de l’élevage de lamas, de chevaux et d’alpagas. 500 riverains sont également devenus guides pour les touristes, une situation qui a amélioré leurs conditions financières.
Déjà un grave impact sur l’environnement
Alors que la montagne Vinicunca incarne un nouveau joyau du paysage péruvien, sa forte affluence touristique menace sa subsistance. Comme il est rapporté dans le New York Times, un grave impact sur l’environnement est déjà « évident ». Par exemple, « un marais qui servait de refuge pour les canards migrateurs a été transformé en un immense parking pour les fourgonnettes touristiques. Un sentier de 4 kilomètres a été sévèrement érodé par les randonneurs ». La compagnie minière canadienne « Camino Minerals Corporation » a même déjà soumis une demande pour obtenir des droits miniers dans la région. En parallèle, la qualité de guide des locaux est remise en cause par les riverains eux-mêmes et les randonneurs d’expérience. Selon un habitant de Pampachiri, « le magnifique mais fragile environnement alpin est complètement démoli par les hordes de randonneurs passionnés qui voyagent à travers la montagne ». Un péril à surveiller…