Des perturbateurs endocriniens trouvés dans les cheveux des enfants

Publié le 20 avril 2017 à 11:57 Aujourd'hui

Une étude publiée ce jeudi 20 avril par 60 millions de consommateurs dénonce la présence de dizaines de perturbateurs endocriniens toxiques (bisphénol A, des phtalates, ou des pesticides…) dans les cheveux des enfants. Le magazine appelle les autorités comme les consommateurs à réagir.

Depuis plusieurs années, le magazine 60 Millions de consommateurs traque les perturbateurs endocriniens (PE) dans les produits du quotidien (aliments, cosmétiques, jouets, peintures, vêtements…). Ces produits toxiques sont omniprésents dans nos logements et notre consommation.

Une étude révélatrice

Cette fois-ci, l’association de consommateurs a fait appel à un laboratoire indépendant pour analyser les mèches de cheveux d’un panel de 43 enfants et adolescents de 10 à 15 ans, habitant « sur tout le territoire » français, tant en ville qu’en milieu rural, pour y rechercher 254 substances « répertoriées comme des perturbateurs endocriniens potentiels ou avérés ». Le cheveu est irrigué à la racine par des vaisseaux sanguins. Il représente ce que le corps contient et ce à quoi il est exposé. Résultat ? Des dizaines de perturbateurs endocriniens ont été retrouvés chez tous les enfants. Selon Santé Publique France, chez les enfants, ces substances peuvent être responsables de prématurité, peuvent générer des maladies ou des anomalies comme des malformations congénitales, et ce dès la vie in utero. Chez l’adulte, ils perturbent le système hormonal et le système de reproduction. Ils peuvent alors être la cause d’infertilité, mais aussi de maladies métaboliques comme le diabète et les cancers.

34 substances toxiques par enfant

Cette étude révèle la présence de 23 à 54 contaminants présents dans la chevelure des enfants de 10 à 15 ans. Parmi les sept grandes familles de polluants recherchées, les scientifiques ont retrouvé des phtalates et des pesticides dans tous les échantillons analysés. Le bisphénol A a été retrouvé dans 20 % des échantillons analysés. Une preuve que son interdiction en France dans tous les contenants alimentaires depuis 2015 n’est pas totalement efficace. Son remplaçant, le bisphénol S, a d’ailleurs été retrouvé dans 80 % des mèches de cheveux. Les métaux lourds et retardateurs de flamme bromés (PBDE) étaient aussi présents chez une partie des enfants. Le magazine souligne également la présence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) chez plus de 70 % des enfants. Ces substances classées « PE potentiels » sont considérées comme « cancérigènes possibles ». Autre fait inquiétant : la présence de PCB dans ces analyses. Ces dernières sont interdites en France depuis 1987 !

Un appel à l’action

Par cette étude révélatrice, 60 millions de consommateurs  appelle une fois de plus les autorités et les consommateurs à réagir : « aux très hautes autorités d’arrêter de jouer les poules mouillées et d’imposer des règles. (…) Et rappelons que la meilleure pression vient des consommateurs, capables de refuser d’acheter des produits non vertueux », dénonce Sylvie Metzelard, la rédactrice en chef du magazine, dans son éditorial. Pour le journal, il semble urgent qu’un « cadre réglementaire contraigne les industriels à supprimer les perturbateurs endocriniens de leurs chaînes de fabrication ».

Maguelonne Rigal

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