Quand la pilule permet de réduire la mortalité du cancer de l’ovaire

Publié le 7 septembre 2016 à 12:51 Aujourd'hui

La mortalité à la suite d’un cancer de l’ovaire a diminué grâce à la pilule contraceptive, et devrait continuer de baisser, selon une étude italienne.

Les morts attribuables au cancer de l’ovaire ont reculé partout dans le monde, entre 2002 et 2012 et devraient continuer à chuter jusqu’en 2020, selon une étude publiée, mardi 6 septembre, dans la revue médicale Annals of Oncology. D’après les chercheurs de l’université de Milan, en Italie, ce phénomène serait dû à la prise de contraceptifs oraux, une protection jugée durable contre le cancer de l’ovaire.

Un risque de développement du cancer réduit de 40 à 50% grâce à la pilule

La prise de la pilule, pendant 5 ans ou plus, permettrait de diminuer le risque de développer le cancer de l’ovaire de 40 à 50%. Un effet non négligeable puisque 100 000 décès auraient ainsi été évités dans le monde.

Entre 2002 et 2012, la mortalité à reculé de 12% en Australie et en Nouvelle-Zélande et de 16% aux États-Unis. Au Japon, où le nombre de morts est habituellement bas, il est observé un taux plus élevé qu’en Europe ou aux États-Unis : ceci reflète « une utilisation plus occasionnelle de la contraception orale », explique le professeur Carlo La Vecchia, responsable des travaux.

A la même période, le recul enregistré en Europe est de 10% en Europe (passant de 5,76 à 5,19 décès pour 100 000 femmes). Toutefois des inégalités subsistent sur le vieux continent. La mortalité a considérablement diminué dans certains pays tels que l’Estonie (28%), le Danemark (24%), le Royaume-Uni (22%) ou encore la France (13,2%). La prise de la pilule ne semble pas bénéfique pour la Hongrie, par exemple, qui n’a pu observer que 0,6% de diminution des décès. Pire encore : la Bulgarie est le seul pays à afficher une augmentation de 27,7% de la mortalité à cause du contraceptif. La raison de ces écarts serait l’utilisation hétérogène de la pilule. Dans les pays du Nord, les femmes ont commencé à prendre la pilule plus tôt tandis qu’en Europe orientale, la contraception orale est apparue plus tardivement.

Une tendance observée chez les femmes ménopausées

Mais ce déclin pourrait également être justifié par le faible recours des femmes ménopausées aux traitements hormonaux substitutifs (THS), soupçonnés d’augmenter le risque de cancer de l’ovaire. En effet, le THS entraîne une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, du cancer du sein et de l’ovaire, selon une étude américaine parue en 2002, ce qui avait incité de nombreuses femmes à arrêter le THS. Les femmes allemandes, britanniques et américaines sont « plus susceptibles d’utiliser » ce traitement que les autres femmes européennes, indique le docteur Eva Negri.

Raphaël BESNARD

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