Pollution de l’air : les pesticides mesurés dès 2018

Publié le 29 novembre 2017 à 12:40 Aujourd'hui

La Fédération des Associations de Surveillance de la Qualité de l’Air (ATMO France) et l’Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire, de l’environnement et du travail (Anses), ont signé un accord mercredi 28 novembre 2018 visant à mesurer les pesticides dans l’air. Dès 2018, 90 substances jugées prioritaires seront surveillées.

C’est un fait, la pollution aux particules fines est un danger pour la santé humaine. D’ailleurs, fin 2016, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait montré que 92% de la population mondiale vivait dans une région où le niveau de pollution dépasse les limites fixées par l’agence onusienne. Quelques semaines après, c’est l’Unicef qui révélait que 300 millions d’enfants respiraient de l’air trop toxique. Mais la qualité de l’air n’est pas uniquement liée aux particules fines ou au rejet de CO2. Les pesticides ont aussi leur part de responsabilité.

Au lendemain du renouvellement de la licence du glyphosate pour cinq ans, au sein de l’Union européenne, la Fédération des Associations de Surveillance de la Qualité de l’Air (ATMO France) et l’Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire, de l’environnement et du travail (Anses), ont signé une convention et un accord-cadre afin d’améliorer les connaissances sur les pesticides dans l’air ambiant ainsi que l’exposition des populations. Dès 2018, les Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA), comme AirParif, Air Breizh ou encore Lig’Air, vont mettre en place une « première campagne exploratoire nationale de mesures », explique ATMO France dans un communiqué. « A terme, ces travaux permettront de mieux évaluer l’exposition chronique de la population générale et les risques sanitaires associés, d’informer la population et de prendre des mesures adaptées si nécessaire », explique dans un communiqué Guy Bergé, président de Atmo, dont les propos ont été repris par Libération.

Cette campagne s’inscrit dans le cadre de l’arrêté du 10 mai 2017 établissant le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques pour la période 2017-2021, qui prévoit d’évaluer et de réduire la présence des pesticides dans l’air.

90 substances surveillées

Concrètement, cette campagne permettra de surveiller 90 substances jugées prioritaires en France métropolitaine ainsi qu’en Guadeloupe, Guyane, Martinique, à Mayotte et sur l’Île de la Réunion. Pour l’heure, seuls les particules fines, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre et l’ozone font l’objet d’une surveillance quotidienne. Cependant, les AASQA collectent déjà des données sur la concentration en pesticides dans l’air depuis 2000, explique Le Monde. En revanche cela se faisait sur la base du volontariat, précise au quotidien, Marine Tondelier, la déléguée générale d’ATMO France. L’objectif de cette campagne nationale, qui durera un an, est donc « d’évaluer l’exposition moyenne de la population à cette pollution de fond mais aussi d’identifier d’éventuelles situations de surexposition (professionnels, riverains, ..) et de faire la part des choses entre les différentes expositions (air, eau, alimentation, contact) pour chacune des substances », explique l’agence.

Le lancement de cette campagne fait suite à un rapport de la Cour des Comptes qui recommandait à l’Etat de « rendre obligatoire la surveillance par les AASQA de la présence dans l’air des pesticides les plus nocifs ». La campagne s’appuie également sur les récentes recommandations de l’Anses. En octobre 2017, l’Agence estimait que « la connaissance des niveaux de contamination en pesticides dans l’air ambiant [demeurait] partielle et hétérogène ». Elle proposait donc de mettre en place « une surveillance nationale des pesticides dans l’air ambiant en France métropolitaine et dans les départements et région d’outre-mer », en se basant sur une liste de 90 substances prioritaires, élaborée par ses soins. Cela concernait « un grand nombre de substances chimiques entrant dans la composition des produits phytopharmaceutiques ainsi que de certains biocides, médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain », et notamment le Fipronil, connu à cause du scandale des œufs contaminés.

Marie Bascoulergue

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