Pollution : l’UE s’attaque au plastique à usage unique
Publié le 29 mai 2018 à 11:38 Aujourd'hui
Pour lutter contre la pollution des océans, la Commission européenne a présenté lundi 28 mai 2018 une série de mesures visant à réduire drastiquement l’utilisation de produits en plastique à usage unique.
Les océans jouent un rôle majeur dans le fonctionnement de notre planète et sont une source de vie pour l’Homme. Et pourtant, ils sont souillés par des monticules de déchets en plastique. Sacs, gobelets, pailles, emballages alimentaires… Chaque année, huit millions de tonnes de plastique finiraient dans les océans, contaminant les eaux et tuant les espèces marines et les oiseaux. Consciente de cette problématique, la Commission européenne a décidé d’agir. Elle a proposé lundi 28 mai 2018 une série de mesures visant à réduire drastiquement les objets en plastique à usage unique, et plus particulièrement les produits « les plus présents sur les plages et dans les mers européennes ». Ces mesures proposées sont graduées.
Parmi elles, l’interdiction pure et simple des objets en plastique à usage unique pour lesquels il existe des solutions de remplacement facilement disponibles et peu coûteuses. Celle-ci s’appliquera aux bâtonnets de coton-tige, couverts, assiettes, pailles, bâtonnets mélangeurs pour boissons et tiges pour ballons de baudruche. « Tous ces articles devront désormais être produits uniquement à partir de matériaux plus durables », précise la Commission dans un communiqué, ajoutant que « les récipients pour boissons à usage unique fabriqués à partir de plastique ne pourront être mis sur le marché que si leurs bouchons et couvercles demeurent attachés au récipient ». À noter que la France a déjà pris des mesures pour limiter ses objets. Les gobelets et assiettes en plastique seront en effet interdits au 1er janvier 2020.
Mettre en place des systèmes de consigne
Pour les objets en plastique qui ne possèdent pas encore d’alternatives abordables, Bruxelles prône la réduction. Chaque État membre pourra définir « des objectifs de réduction au niveau national, proposer des produits de substitution au point de vente ou faire en sorte qu’aucun produit en plastique à usage unique ne puisse être fourni gratuitement ». Cela concerne les récipients et gobelets pour boisson en plastique. Bruxelles appelle aussi les pays membres à atteindre un objectif de collecte de 90 % pour les bouteilles en plastique d’ici à 2025, en mettant en place, par exemple, des systèmes de consigne. La Commission souhaite également les obliger à sensibiliser les consommateurs aux « effets néfastes des dépôts sauvages de déchets de produits en plastique à usage unique et d’engins de pêche ainsi que sur les systèmes de réutilisation et les solutions de gestion des déchets qui s’offrent pour ces produits ».
Les fabricants ne sont pas en reste. Ils seront en effet mis à contribution, en prenant en charge une partie des frais de gestion et de nettoyage des déchets. Sont concernés : les paquets de chips ou de bonbons, les gobelets, les filtres de cigarette ou encore les sacs en plastique légers. Certains produits, comme les serviettes hygiéniques, les lingettes humides et les ballons de baudruche, devront par ailleurs faire l’objet d’un étiquetage clair et normalisé « indiquant le mode d’élimination des déchets, les effets néfastes du produit sur l’environnement et la présence de matières plastiques dans les produits ».
« Pour la première fois, l’Union européenne propose une législation qui vise principalement à réduire à la source les déchets plastiques. Ce changement de stratégie est positif car pour le plastique, raisonner uniquement en termes de recyclage ne suffit pas. Beaucoup de ces objets ne sont tout simplement pas recyclables », salue l’ONG Zero Waste dans un communiqué.
Ces nouvelles mesures doivent désormais être transmises au Parlement européen et au Conseil pour être adoptées. « La Commission exhortera les autres institutions à traiter ce dossier en priorité et à fournir des résultats concrets pour les Européens avant les élections de mai 2019 ». Selon Bruxelles, ce nouveau plan apportera « des avantages à la fois environnementaux et économiques ». Il permettrait par exemple d’éviter l’émission de 3,4 millions de tonnes de CO2, ainsi que des dommages environnementaux dont le coût s’élèverait à 22 milliards d’euros d’ici à 2030. Il accorderait aussi aux consommateurs des économies d’environ 6,5 milliards d’euros.