Les récifs coralliens en danger à cause des déchets en plastique

Publié le 29 janvier 2018 à 16:10 Aujourd'hui

Tout comme le réchauffement climatique, la prolifération de plastique dans les fonds marins serait un véritable danger pour les récifs coralliens. C’est ce que révèle une étude menée par une équipe de scientifiques internationaux et dont les résultats ont été publiés le 25 janvier 2018. 

Le plastique est un véritable fléau pour l’environnement. D’ailleurs, il finit souvent dans la nature et les océans. Preuve avec les photos prises par Caroline Power au large du Honduras. Une étude publiée en avril 2017 dans la revue Sciences Advences démontrait même qu’en Arctique, jusqu’à 1 200 tonnes de déchets en plastique envahissaient la surface de l’océan. Toutes ces ordures sont un danger pour l’écosystème marin et notamment les récifs coralliens. Selon une étude publiée le 25 janvier 2018 dans la revue Science (en anglais), le réchauffement climatique ne serait pas le seul à mettre à mal les coraux. La présence de déchets plastiques augmenterait le risque de maladie de ces petits animaux de 4% à 89%, explique la principale auteure de l’étude, Joleah Lamb de l’université Cornelle dans l’État de New York. Des résultats inquiétants quand on sait qu’entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de déchets sont déversés chaque année dans les océans, rappellent les chercheurs.

Plus de 124 000 coraux étudiés

Les scientifiques ont étudié entre 2011 et 2014 pas moins de 159 récifs coralliens dans près de quatre pays d’Asie-Pacifique, dont l’Australie, la Birmanie, la Thaïlande et l’Indonésie. Au total, cela représente environ 124 884 coraux. Cette région n’a pas été choisie au hasard puisqu’elle possède à elle seule 55,5% des récifs coralliens mondiaux. Résultat : un tiers des récifs est abîmé par des débris de plastique dont le diamètre est supérieur à cinq centimètres. Ces derniers sont d’ailleurs très présents en Indonésie (25,6 débris pour cent mètres carrés). Les eaux australiennes sont au contraire les moins polluées avec seulement 0,4 débris pour cent mètres carrés. Les chercheurs estiment qu’au total, il y aurait 11,1 milliards de morceaux de plastique dans l’ensemble des récifs analysés. Ce nombre pourrait augmenter de 40% d’ici 2025 et atteindre 16 milliards.

Les déchets plastiques sont « souvent faits de polypropylène ». Conséquence : ils « agissent comme un véhicule marin pour les microbes, bactéries et autres organismes microscopiques qui peuvent déclencher des maladies au contact des coraux ». Trois maladies ont attiré l’attention des scientifiques puisqu’elles accélèrent la dégénérescence des tissus de ces animaux et auraient un lien avec la mortalité rapide des coraux. Parmi elles, la « maladie d’érosion du squelette », la « maladie de la bande blanche » et la « maladie des bandes noires ». Le plus grave : une fois que le tissu corallien est perdu, il ne se régénère pas, déplorent les scientifiques. « C’est comme la gangrène dans un pied, on ne peut rien faire pour l’empêcher d’affecter tout le corps sans l’amputation », indique Joleah Lamb. Les coraux les plus en danger seraient les plus spongieux puisque ces derniers accrochent plus facilement les morceaux de plastique. D’ailleurs, lorsqu’un corail est pris au piège, il a 20 fois plus de chance de tomber malade.

Des initiatives pour réduire les déchets plastiques

Le plastique est donc un véritable problème pour la bonne santé des coraux, mais pas que. Selon le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), si ces déchets continuent de s’accumuler, il y aura plus de plastique dans les océans que de poissons d’ici à 2050. Heureusement, des initiatives se mettent en place pour sauver les océans des déchets plastiques. Plusieurs navires prendront par exemple le large pour faire la chasse à ces ordures. C’est notamment le cas de « La Manta« . Le navigateur Yvan Bourgnon s’est lancé le défi de construire un quadrimaran de 60 mètres de long capable de collecter les déchets en mer. Le départ est prévu pour 2021. Le navire Plastic Odyssey fait également partie de ces initiatives. En novembre 2019, il va quitter le port de Marseille pour une durer de 3 ans. Jusqu’en 2022, le catamaran de 25 mètres de long va voguer sur les flots grâce à du carburant issu de plastique non recyclable récupéré à terre lors des escales. « Notre volonté est d’attaquer le problème de la pollution sous un autre angle », nous avait confié le cofondateur de Plastic Odyssey, Alexandre Dechelotte.

Certains États ont également pris des mesures afin que les déchets plastiques ne finissent pas dans les océans. D’ici 2021, le Costa Rica compte dire adieu à tous les objets en plastique à usage unique, dont les pailles, la vaisselle, les sacs ou encore les bouteilles. Une initiative similaire a été prise au Kenya, au Chili et à Montréal, où les sacs en plastique à usage unique sont prohibés. L’environnement est également au cœur de plusieurs sommets internationaux. Le 6 décembre dernier, à Nairobi (Kenya), une résolution a été votée par plus de 200 pays afin de lutter contre la pollution des océans par les déchets en plastique. L’Europe souhaite également apporter sa pierre à l’édifice. La Commission européenne a annoncé le 16 janvier 2018 que tous les emballages en plastique seront recyclables d’ici 2030.

Marie Bascoulergue

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