Santé : les moquettes renferment plus de 59 substances toxiques

Publié le 8 mars 2018 à 16:58 Aujourd'hui

Plus de 59 substances toxiques seraient présentes dans les moquettes vendues au sein de l’Union européenne, selon une étude publiée lundi 5 mars 2018 et menée par la société de conseil américaine Anthesis. 

Si vous avez de la moquette chez vous, attention. Elle n’est pas uniquement un nid à poussière. En s’appuyant sur une étude menée par la société de conseil américaine Anthesis, la European Public Health Alliance (EPHA) et la Health and Environment Alliance (HEAL) ont révélé que des substances toxiques étaient présentes dans les moquettes vendues au sein de l’Union européenne. L’étude fait état de plus de 59 substances dangereuses dont « des perturbateurs endocriniens, des cancérogènes et autres composés mis en cause dans des maladies graves telles que des cancers, troubles de l’apprentissage ou de la fertilité », explique HEAL dans un communiqué, précisant que ces substances sont souvent utilisées comme antimicrobiens, antifongiques ou encore comme retardateurs de flamme dans les fibres, les étoffes et les adhésifs des moquettes. On retrouve ainsi des phtalates, des composés perfluorés (PFAS), des ignifugeants ou encore des métaux lourds (plomb, cadmium, mercure). « Cette étude montre clairement des lacunes dans le travail de la Commission européenne, qui n’a pas pris en compte les impacts sanitaires lors de l’élaboration de l’Initiative pour une Economie Circulaire », indique Nina Renshaw de la European Public Health Alliance (EPHA), citée dans ce même communiqué.

Des résultats préoccupants puisqu’une exposition (inhalation, ingestion, contact cutané) à ces substances peut être dangereuse notamment chez les femmes enceintes, les bébés ou encore les jeunes enfants. Ces derniers sont « particulièrement vulnérables aux expositions à des substances chimiques ». Les professionnels de l’industrie de la moquette sont également les premiers à être impactés « du fait de mesures de sécurité inadaptées ». Concrètement, 12 substances font l’objet de restrictions d’utilisation, 10 sont identifiées par l’Union européenne comme des éléments préoccupants et quatre, tous des phtalates, sont actuellement visées par une interdiction de mise sur le marché. Pire encore, sur les 59 substances pointées du doigt, 37 « ne font pas l’objet de restrictions d’usage ou d’interdiction dans les moquettes ».

L’Union européenne doit agir

Pour remédier à cette situation, le rapport d’Anthesis dresse une liste de plusieurs recommandations à l’encontre de l’UE, des États membres ainsi que des fabricants. Il réclame ainsi « l’élimination des substances toxiques, le renforcement des règles applicables aux nouveaux produits, une réglementation plus rapide et plus exigeante des substances chimiques, une responsabilité élargie du producteur et des mesures d’éco-conception pour des moquettes sans toxiques » ou encore la réintroduction d’un label écologique européen qui garantit la non-toxicité des moquettes. « Les recommandations faites à la Commission européenne d’accélérer la mise en œuvre de la réglementation existante comme le règlement REACH – en liaison avec les Etats membres – et de respecter son engagement de publier une Stratégie pour un Environnement non-toxique en 2018 sont justifiées. La Commission doit saisir l’opportunité de prévenir de nombreuses maladies chroniques en réduisant l’exposition aux substances toxiques des populations, en particulier des plus fragiles que sont les bébés, les enfants et les travailleurs exposés », explique Genon K. Jensen de la Health and Environment Alliance (HEAL).

En attendant, le rapport explique qu’il est possible de se fier à plusieurs labels de qualité. On trouve ainsi le label GUT, qui interdit ou restreint 13 des 59 substances incriminées ou encore la certification Blaue Engel qui en interdit ou restreint 51. Cette dernière est d’ailleurs la seule à interdire totalement l’utilisation de retardateurs de flamme.

Marie Bascoulergue

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