Sécurité routière : les pictogrammes sur les médicaments inefficaces

Publié le 22 août 2016 à 15:11 Aujourd'hui

Selon une récente étude française, les pictogrammes inscrits sur les boîtes de médicaments indiquant le niveau de risque pour la conduite n’ont pas permis de réduire le nombre d’accidents de la route en France.

Ils sont de couleur jaune, orange ou rouge en fonction du niveau de danger. Ces pictogrammes en forme de triangles visibles sur les emballages ont pour objectif de mettre en garde les consommateurs sur les risques d’accidents de voiture en cas de prise du médicament. Toutefois, ces signaux, bien que visibles et compréhensibles par tous, seraient malheureusement inefficaces. Tel est le constat d’une récente étude menée par des chercheurs de l’Inserm et publiée dans la revue British Journal of Clinical Pharmacology.

Depuis la fin des années 1990, les médicaments à risque font l’objet d’une signalisation mais ce n’est que depuis 2007 que l’on peut voir les trois types de triangles selon leur niveau de risque : le triangle jaune (niveau 1) indique « Soyez prudent », « Ne pas conduire sans avoir lu la notice », l’orange (niveau 2) préconise d’être « très prudent » et de « ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé », puis le triangle rouge (niveau 3) interdit totalement la conduite. Auparavant, seul un triangle rouge unique, sans texte et sans précision apparaissait.

pictogrammes-médicaments

Les chercheurs se sont penchés sur l’impact des pictogrammes de niveaux 2 et 3 sur les accidents de la route. Ils se sont concentrés sur les automobilistes qui prenaient des somnifères ou des anxiolytiques de la famille des benzodiazépines et apparentés qui « représentent 70% des médicaments associés aux accidents », indique à l’AFP Emmanuel Lagarde, principal auteur de l’étude. Selon une précédente étude de l’Inserm, les médicaments à risque étaient responsables dans 3 à 4% des accidents de la route en France.

Ainsi, pour déterminer l’efficacité des pictogrammes, les chercheurs ont identifié 150 000 conducteurs impliqués dans des accidents de la circulation entre 2005 et 2011. Ils les ont ensuite répartis en 4 grandes périodes : de juillet 2005 à décembre 2006 (avant l’instauration des nouveaux pictogrammes), de janvier 2007 à mai 2008 (mise en place des pictogrammes actuels), puis de juin 2008 à décembre 2009 et de janvier 2010 à décembre 2011.

Pas de baisse des accidents

Résultat : alors que l’on s’attendait à une baisse des accidents liés à la prise de médicaments, l’étude révèle qu’il n’y a pas eu d’effet après l’instauration des triangles colorés. Au contraire, il y a même eu une légère hausse des accidents causés par les somnifères de la famille des benzodiazépines ou apparentés (Stilnox, Zolpidem ou Imovane). Pour Emmanuel Lagarde, cela peut s’expliquer par une « augmentation de la consommation de ces produits par une population vieillissante ».

Manque de conseils de la part des professionnels de santé, oubli ou utilisation délibérée du médicament… Les raisons peuvent être nombreuses pour expliquer l’inefficacité des pictogrammes. Alors avant de prendre la route, regardez bien la notice pour savoir si le médicament aura un impact sur votre conduite et notamment sur la durée des effets qui peuvent perdurer plusieurs heures selon les produits. En cas de nouveau traitement, demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien. Contactée par le site Pourquoi Docteur, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a expliqué qu’une réflexion était actuellement engagée pour améliorer la communication autour des pictogrammes.

 

 

 

Marine VAUTRIN

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