Une start-up bretonne commercialise des feuilles de pierre

Publié le 5 février 2018 à 15:32 Aujourd'hui

La start-up bretonne Armen Paper a décidé de commercialiser un papier unique en son genre. Celui-ci est fait avec des pierres. 

Au quotidien, que ce soit pour écrire une lettre, lire le journal ou un magazine, le papier est partout. Selon le dernier rapport de l’Union Française des Industries des Cartons, Papiers et Celluloses (Copacel), la consommation apparente (production + importations – exportations) de papier et carton s’élevait en France à 8 809,1 kilotonnes en 2016, soit un peu plus de 8,8 millions de tonnes. Par habitant, cela revient à environ 130 kilos. Le pays croule donc sous le papier. D’ailleurs, même s’il peut être recyclé, ce matériau peut être néfaste pour la planète. Son processus de fabrication favorise la déforestation. Fabriquer du papier nécessite également énormément d’eau. Pour l’environnement, on connaît mieux.

Afin de proposer une alternative plus écolo, la start-up bretonne Armen Paper, en soutien avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) métropolitaine Bretagne Ouest, a décidé de commercialiser du papier produit exclusivement avec des pierres. « Plus doux, plus résistant que le papier traditionnel, elle [la feuille de papier] est waterproof et ne demande pas de pelliculage ou de plastification pour les usages extérieurs », lit-on sur le site d’Armen Paper. Pour l’heure, les feuilles de pierre sont importées de Taïwan. Cependant, la start-up envisage de créer une usine en utilisant de la pierre bretonne, notamment le kaolin de Ploemeur (Morbihan) ou de Loqueffret (Finistère), rapporte France 3 Bretagne. Le granit breton étant trop dur.

80% de pierre 20% de résine

Ces feuilles de pierre, ou « stone paper« , sont faites grâce à des déchets provenant de l’industrie de la construction. Concrètement, « les rognures et les déchets de roche, de marbre et de carreaux sont broyés pour récupérer le carbonate de calcium (CaCO3) qui forme 80,9% du papier de pierre », précise Armen Paper sur son site Internet. Les 20% restant sont issus de résine polyéthylène non toxique (PEHD), servant ainsi de liant. La composition de ce papier lui permet d’être réutilisé. « La pierre redevient pierre, le carbonate de calcium peut à nouveau être utilisé comme matière première, ou revenir à la nature dans un processus naturel de recyclage. » Quant à la poudre utilisée, elle peut se recycler à l’infini. Autrement dit, ce papier est écolo et 100% recyclable. Autre avantage non négligeable : le processus de fabrication n’utilise ni bois ni eau. D’ailleurs, selon l’un des cofondateurs de la jeune pousse Pascal Parmentier, « écologiquement, elle [la feuille de papier] économise énormément d’eau parce que là où il faut 60 000 litres d’eau pour faire une tonne de papier cellulose et où on coupe 18 arbres, là il n’y a pas besoin d’eau », a-t-il indiqué à France 3 Bretagne. « La seule eau dont on se sert c’est celle qui sert à refroidir la machine qui produit et elle est recyclée en permanence », précise-t-il.

Dans les feuilles, pas de produits chimiques. Elles ne polluent donc ni l’air, ni les rivières ni les réserves d’eau potable. « Le papier obtient sa couleur blanche à partir de la forte concentration de carbonate de calcium naturellement blanc », indique Armen Paper. Petit plus, les feuilles sont naturellement étanches. L’eau ne passe pas au travers. Pour l’impression, aucune machine spécifique n’est nécessaire pour ce type de feuille. La plupart des procédés fonctionnent comme « en offset conventionnel, offset waterless, écran, flexo, hélio, HP Indigo, et tous les types d’imprimantes à encres solides comme Xerox P Phaser et ColorQube ». La feuille de pierre est également compatible avec les traceurs jet d’encre les plus courants sur le marché. Elle a également été testée sur les traceurs Epson, HP designjet, Roland, Mutoh, Canon et Mimaki. Cependant attention, ces feuilles de pierre ne sont pas adaptées aux lasers et aux photocopieurs à haute température.

Affiches, cartes, enveloppes, menus

Quant à son utilisation, la feuille de papier n’a aucune limite. Elle peut servir à imprimer des affiches, des boîtes en carton, des livres, des magazines, des enveloppes, des cartes, des menus de restaurant ou encore des papiers d’emballage. Aux États-Unis, la feuille de papier peut d’ailleurs être utilisée comme emballages alimentaires depuis l’autorisation de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA). En Nouvelle-Zélande, les supports de plats pour burger utilisent ce matériau innovant. En revanche en France, il va falloir être patient. La feuille de pierre de la société Armen Paper est actuellement en cours d’homologation. Elle doit respecter le règlement européen REACH qui vise à « sécuriser la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie européenne ».

Marie Bascoulergue

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