La transition agricole et alimentaire est en marche, voici la preuve

Publié le 30 novembre 2017 à 15:57 Aujourd'hui

À l’occasion de la fin des États Généraux de l’alimentation, l’ONG environnementale WWF prouve en 10 points que la transition agricole et alimentaire est en cours. Cela fait écho à un récent sondage qui démontrait que les Français étaient prêts à changer de modèle agricole. 

C’est un fait, les Français veulent mieux manger. Les scandales répétitifs sur les pesticides, les problèmes sanitaires, les produits étrangers, les conditions animales ou encore les trop faibles revenus des agriculteurs ont eu raison d’eux. C’est d’ailleurs ce qu’avait révélé l’ONG environnementale WWF France dans un récent sondage. On y apprenait que 69% des Français étaient prêts à payer plus cher leurs produits alimentaires afin de permettre aux agriculteurs d’être mieux rémunérés. Mieux encore, 70% des consommateurs avaient déjà changé leurs habitudes de consommation ou envisageaient de le faire, et que 62% mangeaient des produits issus de l’agriculture biologique. Ce sondage mettait donc en lumière le fait que les consommateurs étaient prêts à une réelle transition agricole et alimentaire. Pour WWF, c’est d’ailleurs un signal important qui montre que cette transition est en cours. Mais ce n’est pas tout, l’ONG en a recensé neuf autres.

Un boom des exploitations agricoles

Grâce aux chiffres de l’Agence Bio et du ministère de l’Agriculture, WWF France met en avant l’augmentation du nombre d’exploitations certifiées ainsi que la surface agricole bio. L’ONG parle de 9 000 fermes certifiées HVE au niveau 2 (respectant un référentiel comportant 16 exigences, efficientes pour l’environnement) et de 786 au niveau 3 (stade le plus avancé en agroécologie). Dans le secteur agricole en général, l’utilisation d’antibiotiques ne cesse de reculer. En cinq ans, son utilisation a chuté de 37%, alors que l’objectif fixé par le gouvernement était de 25%

Le secteur bio, créateur d’emplois

Le secteur du bio n’est pas uniquement bénéfique pour la santé des consommateurs. Il permet aussi de créer de l’emploi. Au total, ce secteur agricole représente plus de 118 000 « emplois directs en équivalent temps plein », soit 32 500 de plus qu’il y a quatre ans, ainsi qu’une croissance moyenne de 8,4%. Mais cela ne s’arrête pas là. WWF France rappelle qu’il existe environ 32 300 fermes agricoles et près de 15 000 entreprises dans cette filière. Au total, 32 328 exploitants agricoles et 14 859 personnes travaillent dans la transformation et la distribution du bio, soit une évolution de 12% en un an.

L’émergence du bio et des labels

Les agriculteurs ne sont pas les seuls à être plus responsables, les consommateurs aussi. Ces derniers consomment de plus en plus de bio (+21,7% entre 2015 et 2016), de produits issus du commerce équitable (+42,8% entre 20150 et 2016) ou encore de produits de la mer labellisés MSC (+35% entre 2015 et 2016). Autre indicateur positif, 61% des poulets prêts à cuire achetés par les Français étaient estampillés Label Rouge en 2016.

Manger moins de viande mais de meilleure qualité

Récemment, le think tank Terra Nova recommandait de réduire sa consommation par deux. Les Français sont donc sur la bonne voie puisque depuis dix ans, ils mangent de moins en moins de viande. Par exemple, entre 2007 et 2013, la part des viandes de boucherie dans l’alimentation des Français est passée de 58 à 52.5 g par jour et par personne, soit 370 g par semaine.

Exit les œufs de poules élevées en batterie

En France, de plus en plus d’enseignes décident d’exclure les œufs de poules élevées en cage de leurs rayons, rappelle WWF. C’est notamment le cas de Carrefour et de Grand Frais. Au total, 16 enseignes ont franchi ce cap. D’ailleurs, en 2016, 1/4 des œufs vendus en grandes et moyennes surfaces étaient bio ou Label Rouge. Aujourd’hui, les œufs bio issus de poules élevées en plein air et en sol (code 0, 1 et 2) représentent 48%, en volume, du marché des œufs français.

La grande distribution gaspille moins

Le gaspillage alimentaire est l’un des pires fléaux de notre société. Afin d’enrayer ce problème, plusieurs éléments ont été mis en application. En 2016, une loi visant à lutter contre le gaspillage alimentaire a été adoptée. Elle interdit de rendre impropres à la consommation les invendus des industriels et oblige la grande distribution à donner ses « surplus » alimentaires sous peine d’une amende de 3 750 €. Une loi qui porte ses fruits car selon l’Ademe, les Banques Alimentaires, les Restos du Coeur, le Secours Populaire et la Croix Rouge française ont récolté auprès des supermarchés entre 20% et 30% de denrées supplémentaires entre 2015 et 2016. Mieux encore, sous demande du ministère de l’Écologie, l’Ademe a lancé une expérience auprès de dix magasins volontaires dont Carrefour, Leclerc ou encore Système U. En trois mois, ces enseignes ont réduit leur gaspillage l’alimentaire de 22%.

S’approvisionner autrement

Les entreprises alimentaires ont décidé de redorer leur blason en s’engageant contre la déforestation. Le 25 octobre dernier, 23 des plus grandes entreprises alimentaires mondiales se sont engagées à mettre un terme à ce phénomène dans le Cerrado (Brésil). Parmi lesquelles, Carrefour, L’Oréal, Kellogg Compagny, Tesco Stores Plc, Marks and Spencer Group ou encore McDonal’s Corporation. Le but est d’arrêter de s’approvisionner dans des zones récemment déboisées. En France, le Plan climat entend lui aussi lutter contre ce fléau et stopper l’importation de produits forestiers ou agricoles contribuant à la déforestation d’ici à 2030.

Cantines : des menus plus sains

Le secteur de la restauration a lui aussi décidé d’être plus vert. Actuellement, dans un souci de manger plus local, la restauration, qu’elle soit collective ou privée, travaille avec 78% de produits bio d’origine française, dont 59% d’origine régionale. D’ailleurs en deux ans, la part du bio dans les cartes des restaurants privés a augmenté de 10%. Les enfants ne sont pas en reste. En 2016, six établissements scolaires sur dix ont servi des plats avec des produits bio (46% en 2011 et 4% en 2006), dont 32% proposent des menus 100% bio. Les petits Parisiens vont également manger plus de poissons de meilleure qualité. La Ville de Paris a décidé d’augmenter la part de poisson MSC servie dans 1 300 cantines, ce qui représente plus de 30 millions de repas par an.

De nouveaux modèles de distribution

La grande distribution standard n’a plus le vent en poupe. Bien que cela représente 45% de la part du marché bio, des circuits alternatifs voient le jour et progressent à vitesse grand V. C’est notamment le cas des circuits courts. Au total, 20% des agriculteurs vendent leurs produits dans ces différentes structures sans intermédiaires. La plus célèbre étant la Ruche qui dit Oui, qui fédère à elle seule plus de 5 000 producteurs et 160 000 clients réguliers. Les magasins spécialisés se sont également implantés dans le paysage français. Entre 2010 et 2016, le nombre d’enseignes comme Biocoop, Bio c’ Bon ou la Vie Claire ont augmenté de 24%. Les AMAPs font elles aussi de plus en plus d’adeptes. D’après WWF, 250 000 familles s’alimentent grâce aux paniers des quelque 2 000 structures présentes en France.  D’autres modèles de distribution ont émergé, comme les supermarchés participatifs. Ces derniers proposent à leurs membres d’acheter des produits de qualité à bas prix contre une contribution au fonctionnement. La Louve fait partie de ceux-là. Elle réunit tous les jours 3 000 adhérents et compte une dizaine d’épiceries coopératives dans les grandes villes de France.

Marie Bascoulergue

  1. Très bel article, bravo ! Emma Leroy, Pleine Vie

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