Abeilles : des drones pollinisateurs pour les remplacer ?

Publié le 15 février 2017 à 18:44 Demain

Les abeilles tendent à disparaître. Face à cette menace, des chercheurs japonais planchent sur des petits drones capables d’effectuer le même travail que ces insectes.

Nul ne peut l’ignorer. Depuis plusieurs années, les colonies d’abeilles déclinent dangereusement. Si elles sont appréciées pour leur production de miel, ces insectes ont un rôle bien plus important que celui de ravir nos papilles. Sans ces pollinisateurs, « les hommes et de nombreuses espèces animales seraient privés d’une partie des aliments constitutifs de leur régime de base. La production mondiale de nourriture dépend à 35% des insectes pollinisateurs, rappelle Greenpeace. Sur les 100 espèces végétales qui fournissent 90% de la nourriture dans le monde, 71 dépendent des abeilles pour leur pollinisation. 4 000 variétés de légumes cultivés en Europe n’existeraient pas sans le travail assidu des abeilles ». Mais comment expliquer leur déclin ? Plusieurs causes sont avancées : perte d’habitats naturels liée aux monocultures, agents pathogènes, changement climatique, utilisation des insecticides de la famille des néonicotinoïdes, etc.

Un drone miniature capable de polliniser les fleurs

À défaut de trouver une solution, des chercheurs japonais du National Institute of Advanced Industrial Science and Technology (AIST) ont eux imaginé un drone-pollinisateur, une sorte de drone-abeille capable d’effectuer le même job que les insectes. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Chem.

Pour réaliser leur prototype, les ingénieurs se sont dotés d’un drone miniature vendu dans le commerce, pour une centaine de dollars. Sur l’appareil, ils ont collé une bande recouverte de crin de cheval pour reproduire les poils qui recouvrent les pattes des abeilles. La surface a été enduite d’un gel ionique, à savoir électriquement chargé, qui capture le pollen. Les chercheurs ont ensuite testé leur drone en laboratoire sur des fleurs, des lys japonais. Il semble avoir fait ses preuves puisqu’il a réussi à récupérer du pollen sur la partie mâle d’une fleur pour ensuite déposer les minuscules grains sur la partie femelle.

Aider les abeilles

Les tests sont certes encourageants mais ce procédé est encore loin d’être aussi efficace que les insectes. Il l’est aussi moins que la pollinisation manuelle. Une pratique qui se fait à l’aide de pinceaux et qui est effectuée en Chine, notamment. Comme le souligne Numerama, ces tests ont aussi été faits sur des lys, des fleurs dotées de larges pétales et très ouvertes, « ce qui a grandement facilité la manœuvre des prototypes ». Des améliorations sont donc nécessaires sur ce point mais aussi sur son utilisation. En effet, l’appareil n’est pas autonome. Il faut le télécommander à distance. Pour ce faire, il faudra ajouter des caméras, un GPS, une intelligence artificielle. Autant de fonctions qui prendraient beaucoup de place sur un drone censé jouer le rôle d’une abeille, surtout s’il voudra accéder au coeur de fleurs plus petites.

Si cela est rendu possible, les drones-abeilles ne pourront de toute manière jamais les remplacer. D’une, ils ne seraient pas aussi efficaces, et de l’autre il faudrait créer des milliards, voire plus, de ces mini-drones. En revanche, cette invention pourrait venir épauler ces insectes qui se font de plus en plus rares. C’est en tout cas ce qu’espère le professeur Eijiro Miyako, le porteur du projet. Ces petits engins pourraient « travailler » aux côtés des abeilles et autres insectes pollinisateurs. À suivre.

Justine Dupuy

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