Agriculture bio : un cahier des charges unique pour l’Europe

Publié le 21 novembre 2017 à 17:34 Aujourd'hui

Les pays membres de l’Union européenne viennent de tomber d’accord, lundi 20 novembre 2017, sur une nouvelle réglementation concernant l’agriculture bio. Désormais, les 27 ainsi que les pays exportant leurs produits dans le marché européen seront soumis au même cahier des charges. 

Depuis plusieurs années, le bio connaît un franc succès en Europe. Selon les récents chiffres de l’Agence Française pour le Développement et la Promotion de l’Agriculture Biologique, Agence Bio, au premier semestre 2016 les ventes de produits bio ont progressé de 23% par rapport au premier semestre de 2015. Un taux qui pourrait encore augmenter si le bio était davantage accessible. D’ailleurs, le marché européen des produits bio représente 27 milliards d’euros par an, soit 125% de plus qu’il y a dix ans. Face à une demande toujours plus croissante, de nombreux agriculteurs se tournent vers le secteur biologique. Il y aurait plus de 270 000 exploitations agricoles qui cultivent du bio, dont plus de 28 884 fermes en France, 34 673 en Espagne, 52 588 en Italie ou encore 22 277 en Pologne. Au total, 69% des exploitations bio se situent principalement en Italie (20%), Espagne (13%), France (11%), Allemagne (9%), Pologne (8%) et en Autriche (8%). C’est justement cette diversité de la provenance du bio qui pose problème.

Bien que l’agriculture bio soit synonyme de produits plus sains et sans pesticides, chaque pays européen avait, jusqu’à présent, sa propre définition. Autrement dit, le cahier des charges de ce secteur variait d’un État à l’autre. De plus, les règles actuellement en vigueur dataient d’une vingtaine d’années et nécessitaient d’être actualisées. C’est désormais choses faite. Lundi 20 novembre 2017, après trois ans de discussions, les ministres de l’Agriculture des pays de l’Union ont adopté la nouvelle réglementation concernant le secteur agricole bio. Cette dernière va introduire un « ensemble unique de règles applicables au niveau de l’UE et couvrant la filière biologique de l’Union dans son intégralité ». Autrement dit, les 27 pays membres seront concernés ainsi que les pays souhaitant exporter leurs produits sur le Vieux Continent. Pour pouvoir vendre au sein de l’Union européenne, ils devront respecter l’ensemble des nouvelles règles instaurées par les membres de la Commission européenne. Cette nouvelle réglementation sera applicable au 1er janvier 2021 afin de laisser « suffisamment de temps » aux acteurs de ce secteur de « s’adapter au nouveau cadre », explique la Commission dans un communiqué.

Cultiver au sol

Dans les faits, les producteurs bio européens vont devoir changer leur mode de production, si cela n’est pas déjà fait. « L’une des exigences principales de la production biologique est que les plantes doivent être essentiellement nourries par l’écosystème du sol », explique la Commission. L’instance préconise donc une production au sol et non sous serres. Cependant, les agriculteurs ayant obtenu une autorisation pourront continuer à l’utiliser pendant dix ans. Concernant les exceptions, comme le changement temporaire d’un ingrédient biologique par un non bio en cas de stocks limités, elles seront toujours autorisées. En revanche, ces dérogations seront limitées dans le temps et davantage évaluées.

L’utilisation de produits chimiques sera toujours prohibée. En revanche, afin de « réduire le risque de « contamination » accidentelle », des mesures de précaution devront être prises si des terrains du secteur bio se situent près de champs pratiquant encore l’agriculture conventionnelle. Grâce à cette nouvelle réglementation, les petits producteurs pourront opter pour une certification de groupe afin de réduire les coûts et de faciliter leur accès au secteur agricole biologique.

Le sel et les huiles essentielles soumis aux nouvelles règles

L’ensemble de ces nouvelles règles va concerner un plus large panel de produits et s’appliquera au sel, au liège, et aux huiles essentielles. D’autres produits pourront prochainement être soumis à cette réglementation en fonction du développement de leur secteur. Plus généralement, cette réglementation s’applique aux « produits agricoles vivants et non transformés […] et aux produits agricoles transformés utilisés comme denrées alimentaires et aliments pour animaux ». Concernant les produits transformés, ils pourront se voir apposer un label de production biologique « que si 95% au moins de leurs ingrédients agricoles sont biologiques ».

Marie Bascoulergue

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