Les ampoules LED pourraient être nocives pour nos yeux

Publié le 6 janvier 2017 à 10:52 Aujourd'hui

Selon une étude française, les ampoules LED pourraient favoriser la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).

Depuis 2005, les ampoules LED, plébiscitées pour leur faible consommation électrique, ont remplacé les ampoules à incandescence. Mais ces ampoules que nous utilisons quotidiennement pourraient-elles être dangereuses pour la qualité de notre vision ? « La question mérite d’être posée car, chez le rat, certaines de leurs longueurs d’onde s’avèrent toxiques pour la rétine », selon une étude menée par des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Les scientifiques se sont intéressés à l’impact phototoxique des rayons émis par ces dispositifs. Ils ont mené plusieurs expériences sur des rats. Les chercheurs ont dans un premier temps exposé les rongeurs à une forte intensité lumineuse (6 000 lux) avec différents types d’ampoules pendant 24 heures. Ils ont remarqué que, quelle que soit l’ampoule, cette exposition intense altère la rétine des rats. « L’analyse biologique montre dans tous les cas un état inflammatoire qui favorise la mort cellulaire (apoptose) des photorécepteurs impliqués dans vision », indique l’étude. Les chercheurs ont ensuite exposé les rongeurs à une intensité lumineuse similaire à celle habituellement utilisée dans les habitations (500 lux). Résultat ? Seules les LED sont apparues néfastes. « Avec ces ampoules, la rétine des animaux montre des signes d’altération moindres mais similaires à ceux observés sous forte exposition. Ceci n’est pas observé avec les autres types d’ampoules ».

Lors de ces deux expériences, les scientifiques avaient dilaté les pupilles des rats afin « d’amplifier les conséquences potentielles de la lumière, puisque la contraction de la pupille est un mécanisme physiologique de protection de l’œil contre l’agression lumineuse », explique Alicia Torriglia, qui a encadré ces travaux avec le Professeur Behar-Cohen. Toutefois, des rats albinos, dont les pupilles n’étaient pas dilatées, exposés à long terme à la lumière des LED (durant une semaine ou un mois,) ont aussi présenté une dégénérescence rétinienne. Et même les rats non albinos ont montré des signes de stress oxydant au niveau de leurs rétines.

La lumière bleue pointée du doigt

Pour les scientifiques, la coupable est la lumière bleue émise pour les ampoules LED. « La lumière blanche, qu’elle soit naturelle ou artificielle, combine en réalité des rayons de différentes couleurs, chacune à une longueur d’onde spécifique », explique la chercheuse. Chaque source de lumière – LED, tubes à fluorescence ou ampoules fluocompactes – combine différentes couleurs dans des proportions variables. Et la potentielle toxicité de chacune d’entre elles sur la rétine dépend à la fois de l’intensité de la lumière et des longueurs d’onde qui la compose. Les ampoules LED créent de la lumière blanche en combinant des lumières bleue et jaune. Or, les rayons correspondant à la lumière bleue sont plus énergétiques que les autres. Ils sont aussi plus délétères.

« Grâce à nos observations, nous avons montré que la lumière émise par les LED engendre deux phénomènes toxiques parallèles : l’apoptose, mais également une seconde forme de mort cellulaire, la nécrose, précise Alice Torriglia. Or en se nécrosant, une cellule endommage ses voisines. Ceci explique pourquoi la toxicité de la lumière bleue est plus élevée que celle des autres longueurs d’onde ».

Les auteurs de cette étude s’interrogent sur le risque sanitaire que peuvent représenter les ampoules LED, même si leurs expériences se sont limitées sur des rats. « Nos cellules possèdent des mécanismes de réparation qui permettent sans doute de corriger en partie les lésions induites par les LED. Mais nous avons un capital lumière, comme notre peau possède un capital soleil. On peut se demander si nos ampoules domestiques ne favorisent pas son épuisement précoce, et ainsi l’évolution vers la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) », concluent les chercheurs qui appellent à une prochaine génération d’ampoules domestiques, dans laquelle la proportion de lumière bleue serait réduite.

Marine VAUTRIN

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