Bouteilles : vers le retour de la consigne ?

Publié le 6 février 2018 à 13:25 Aujourd'hui

Le ministère de la Transition écologique et solidaire a plusieurs pistes pour améliorer la collecte des déchets en France. Parmi elles, le retour de la consigne pour les emballages en verre, en plastique ou en métal. 

Depuis plusieurs mois, le gouvernement entend limiter l’impact de la France sur l’environnement, notamment en limitant la prolifération des plastiques. Pour cela, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé en juillet dernier que la France allait recycler 100% des plastiques d’ici 2025. Un taux bien loin de la situation actuelle. Selon le dernier rapport de l’association européenne des producteurs de plastiques PlasticsEurope, le pays ne recycle que 22,2% de ses déchets en plastique. « Les canettes en aluminium, il y en a uniquement 45% qui sont collectées et recyclées. Pour les bouteilles en plastique c’est 60% », a précisé au micro de RTL ce mardi 6 février 2018 la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire Brune Poirson.

Afin de respecter cet objectif « très ambitieux du Premier ministre et du Président de la République » une première phase de consultation a été lancée le 30 octobre dernier, sous la direction de Brune Poirson. Elle s’est effectuée « avec l’ensemble des acteurs qui sont concernés par exemple les éco-organismes, les collectivités locales, les associations de citoyens pour essayer de trouver des solutions pour changer ce système-là qui fonctionne mal ». La mesure qui a le plus émergé suite à cette consultation, qui a pris fin le 6 décembre : le retour de la consigne pour les emballages en verre, en plastique ou en métal. Une mesure qui a du sens car selon la secrétaire d’État, « les ménages français consomment 935 000 tonnes de bouteilles et de canettes par an. C’est l’équivalent 9 900 poids lourds ». Plus concrètement, « c’est l’équivalent d’une distance entre Paris et Orléans », si on les met les uns dernières les autres.

Une caution entre 5 et 25 centimes

Pour l’heure, rien n’est fait. « Nous sommes dans une phase de consultation, c’est-à-dire qu’on regarde quelles sont les options » a indiqué la secrétaire d’État. « Je suis en train de me concerter,[…] de dialoguer et de rencontrer des représentants des grandes surfaces, de la grande distribution, des collectivités et nous en discutons ensemble. L’une des options qui a été proposée[…], c’est la consigne », poursuit-elle.

Ici, il s’agira de récupérer les bouteilles en plastique, les canettes en aluminium et les piles, et non plus les bouteilles en verre. Le principe est simple. Lors de l’achat de bouteilles ou de canettes, une caution de 0,05 à 0,25 centime d’euro sera retenue. Celle-ci fera partie du prix du produit. Autrement dit, il ne coûtera pas plus cher. Une fois la boisson consommée, le consommateur pourra rapporter sa canette et sa bouteille en plastique. Dès lors, la caution lui sera rendue. « C’est un coût qui est neutre », indique Brune Poirson. Pour appuyer ses propos, elle prend pour exemple l’Allemagne. Outre-Rhin, le principe de la consigne, ou Pfand, « fonctionne très bien ». La caution varie entre huit et 25 centimes d’euros en fonction du type de contenant. « On est à des taux de satisfaction très élevés. Au départ, les Allemands étaient un peu sceptiques et maintenant plus de 80% des allemands sont satisfaits de ce système », s’enthousiasme Brune Poirson.

La consigne plus localement

Même si la consigne n’est plus généralisée sur l’ensemble du territoire, des associations, des enseignes et des marques ont relancé plus localement ce principe de réutiliser des bouteilles en verre. C’est notamment le cas de Jean Bouteille. Située à Lille (Hauts-de-France), cette entreprise associe le vrac et la bouteille consignée réutilisable. Concrètement, il suffit de se rendre dans un magasin partenaire équipé de fontaines, de choisir son produit ainsi que la quantité. Le liquide et la bouteille se paient séparément. Une fois le contenant vide, il suffit de ramener la bouteille dans le magasin pour récupérer la consigne et en obtenir une autre toute propre, explique Jean Bouteille dans une vidéo. Dans le Pays-de-la-Loire, la consigne a, là aussi, fait son grand retour avec l’association pour le développement d’une filière de consigne des bouteilles en Pays de la Loire, Bout à Bout. Plusieurs dizaines de producteurs, des distributeurs, des cafés et des restaurants se sont engagés pour le réemploi des bouteilles en verre. Dans le Jura, l’association J’aime mes bouteilles a remis au goût du jour le principe de la consigne sur les bouteilles de vin en verre. Pour cela, il suffit de rapporter son contenant dans un magasin partenaire.

Concernant les bouteilles en plastique, la filiale de Suez Environnement, Réco France, a mis au point un système presque semblable à l’idée de Brune Poirson. Depuis 2014, elle a fait installer sur des parkings de supermarchés des collecteurs de bouteilles. Pour chaque contenant déposé, un bon d’achat d’une valeur de un à deux centimes d’euro, valable au sein de l’enseigne partenaire, est distribué. La société Lemon Tri est également présente sur ce créneau. L’entreprise collecte, trie puis recycle les bouteilles en plastique ainsi que les canettes. Lemon Tri a obtenu les faveurs de Brune Poirson qui a visité aujourd’hui le labo de Lemon Tri. Elle a d’ailleurs tweeté : « Pour recycler 100% des plastiques il faut collecter 100% des emballages. La consigne, une option efficace pour atteindre nos objectifs ambitieux en matière de #Recyclage. Ici chez LemonTri qui adapte cette technologie sur nos territoires en mêlant innovation et social. »

Marie Bascoulergue

  1. Quel enseigne prennent les bons de consignes des bouteilles

    Merci

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