Contraception : un appel pour la pilule sans ordonnance

Publié le 19 avril 2017 à 11:30 Aujourd'hui

Un collectif composé de professionnels de santé, du Planning familial et de féministes a publié une lettre ouverte dans laquelle il demande aux laboratoires pharmaceutiques la mise sur le marché d’une pilule contraceptive sans ordonnance.

« Libérez ma pilule », telle est l’initiative lancée mardi 18 avril par un collectif de pharmaciens, en partenariat avec la Planning familial. Un mouvement dont participent également des médecins, sages-femmes et militantes féministes. Ils réclament la commercialisation d’une pilule contraceptive progestative (une pilule micro-dosée, sans oestrogène, qui ne comporte pas de risque de surdosage) sans ordonnance, afin que les femmes « disposent des mêmes droits et de la même accessibilité au moyen de contraception de leur choix », peut-on lire dans la lettre ouverte envoyée aux laboratoires pharmaceutiques français, à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et à l’Agence européenne du médicament (EMA). Une pétition a également été mise en ligne en ce sens.

« Il n’y a aucune raison scientifique de l’empêcher »

Actuellement en France, il faut une ordonnance d’un médecin généraliste, d’un gynécologue ou d’une sage-femme pour obtenir une pilule contraceptive en pharmacie. « La Planning familial distribue déjà une pilule, pourquoi ne pas généraliser le procédé ? », s’interroge Clara de Bort, directrice d’hôpital, féministe et auteure du blog Enjupe.com, citée par Libération. D’autant qu’« il n’y a aucune raison scientifique de l’empêcher. Il n’y a pas plus de risque qu’un implant ou un dispositif intra-utérin », ajoute-elle.

Les signataires estiment que les femmes devraient avoir accès à la pilule chez leur pharmacien, qui déterminerait grâce à un questionnaire préétabli si une patiente présente un risque, sans avoir à consulter un gynécologue ou un médecin généraliste. Le collectif cite une étude du Collège américain des Gynécologues Obstétriciens de 2012, selon laquelle un grand nombre de preuves montrent que « les femmes sont capables d’évaluer si l’utilisation de la pilule contraceptive est possible en répondant à un questionnaire avec l’aide d’un pharmacien ».

Une réalité dans plusieurs pays

La délivrance d’une pilule sans ordonnance est déjà une réalité dans de nombreux pays, comme en Turquie, au Portugal, en Russie ou encore en Grèce. « Et même dans certains pays où la pilule nécessite une prescription, des aménagements existent pour permettre la délivrance par le pharmacien d’une pilule sans ordonnance. Comme par exemple au Québec où le pharmacien peut proposer une contraception hormonale pour une durée de 3 mois en plus d’une contraception d’urgence », note le collectif.

Aux États-Unis, un laboratoire français a déposé cette année un dossier d’autorisation de mise sur le marché d’une pilule contraceptive sans ordonnance à l’autorité de santé américaine (FDA). Le collectif appelle les laboratoires pharmaceutiques à faire de même en France. « Par ce courrier, nous vous demandons de vous engager publiquement à déposer auprès de l’ANSM ou de l’Agence Européenne (EMA) un dossier d’autorisation d’AMM pour une pilule progestative sans ordonnance avant le 8 mars 2018, Journée Internationale des Droits des Femmes », soulignent les signataires.

Justine Dupuy

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