Cornichons : rencontre avec le dernier producteur français

Publié le 30 janvier 2016 à 17:58 Demain

Vin, saucissons… cornichons ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce fruit issu de notre culture locale n’est plus du tout Made in France et vient principalement de l’étranger. Heureusement, un producteur français résiste.

Sur le marché du Pari Fermier de Rambouillet (Yvelines), un stand trône fièrement entre les producteurs de foie gras, les artisans fromagers et les charcutiers traiteurs. C’est celui de Florent Jeannequin. Sa particularité ? Il est le dernier à produire et commercialiser des cornichons bien de chez nous, des cornichons français. Cocorico !

Car si l’on pensait ce condiment 100% made in France, nous avions tout faux ! Ce petit concombre nain tout rabougri que nous aimons glisser dans notre sandwich au pâté vient de loin, de très loin même. Il faut aller sur le continent asiatique, et principalement en Inde, pour retrouver des milliers d’hectares de champs de cornichons. La majorité des industriels se tournent vers ces pays pour se fournir en cornichons, bien moins chers et produits en quantité hallucinante.

Le dernier producteur français

Mais Florent Jeannequin (62 ans) et son fils Henri (24 ans) ont décidé de faire de la résistance, le cornichon restera français (bon sang de bon soir !) Cette famille, que l’on peut qualifier d’irrésistible Gauloise, a donc lancé en 2012 sa propre marque, la Maison Marc, en hommage au père de Florent Jeannequin. « Tout a commencé quand je travaillais pour Amora-Maille dans l’Yonne. Lorsqu’ils ont décidé d’arrêter la production en 2009, nous étions alors 25 petits producteurs à se dire qu’il ne fallait pas baisser les bras, et continuer à cultiver les cornichons », explique-t-il. « Puis, au fil du temps, je suis resté le dernier ».

« Les cornichons de nos grands-mères »

Le constat est sans appel, le goût est bien différent de ceux que l’on retrouve dans les rayons aux côtés des moutardes et vinaigrettes des supermarchés. Les cornichons sont plus fermes, plus savoureux. La saveur est quasi indescriptible. Pourtant, Forent Jeannequin l’affirme, « je n’ai rien inventé, la recette est la même sauf que l’on retrouve les cornichons de nos grands-mères, les vrais ! »

Son secret de fabrication ? Aucun pesticide, insecticide et conservateur. Ils sont cueillis à la main, cultivés et conditionnés à Chemilly-sur-Yonne dans la région bourguignonne. « Dès qu’un cornichon est cueilli, il se retrouve le lendemain en bocal. » Quant à sa production, il ressème ces condiments tous les ans, juste après les Saints de glace « pour s’assurer que la terre ne se refroidisse pas », et les récolte de mi-juillet jusqu’à la fin août. Le seul hic, les graines proviennent de Hollande. « Je n’ai pas le choix », assure cependant Florent Jeannequin.

Ses cornichons sur les plus grandes tables

En 2015, ce ne sont pas moins de 65 000 bocaux et 800 sauts de trois kilos pour les restaurateurs qui sont sortis de l’entreprise familiale. D’ailleurs, les grands Chefs raffolent de ces cornichons siglés tricolores. Parmi ses clients, le Chef Yves Camdeborde, Cyril Lignac mais aussi Guillaume Gomez qui n’est autre que le Chef cuisinier du Palais de l’Élysée, s’il vous plaît ! La réputation de ces concombres nains dépasse désormais les frontières. « Je prépare une palette pour Hong Kong, ce sera notre deuxième livraison », confie-t-il.

Ce succès, Florent Jeannequin et son fils n’y pensaient pas. Mais leurs efforts et leur motivation ont payé. Maison Marc fait désormais partie des « Producteurs Artisans de Qualité », sélectionnés par le Collège Culinaire de France. Outre le fait de proposer un produit français, c’est sur le haut de gamme que la Maison s’est démarquée en conditionnant les cornichons dans des bocaux en verre à fermeture mécanique, vendus exclusivement dans les épiceries fines. Monnayant 8 euros environ, les bocaux de la Maison Marc sont certes chers, mais il est possible de se faire occasionnellement un petit plaisir. « Ce qui est très drôle, c’est qu’il y a quelques jours, l’industriel de Amora-Maille m’a contacté pour que l’on retravaille ensemble. Cela n’arrivera pas », assure le producteur.

Cultiver ses cornichons, c’est tout simple !

Le cornichon n’est pas un fruit difficile à cultiver. Si vous aussi vous souhaitez en faire pousser en pot chez vous, et sans pesticides bien sûr, Florent Jeannequin conseille avant tout de ne pas semer trop tôt, soit entre le 15 et le 25 mai. « Il faut absolument attendre les Saints de glace car les cornichons ont besoin d’être plantés dans une terre chaude », explique-t-il. Pour favoriser la biodiversité, « le printemps et l’été sont les saisons idéales, car c’est le moment où viennent les coccinelles, elles viendront débarrasser les nuisibles qui endommagent les plants. » Beaucoup de soleil et un peu d’eau, il n’y a pas plus compliqué. En quelques semaines, vous pourrez déguster vos propres cornichons.

Pour plus d’informations : Maison Marc

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Marine VAUTRIN

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