Cosmétiques bio : des produits chimiques bientôt définis comme bio ?

Publié le 2 octobre 2017 à 16:43 Aujourd'hui

D’ici à la fin de l’année 2017, la seconde partie de la norme ISO 16128 concernant les cosmétiques bio et naturels va entrer en vigueur. Cette norme a pour but d’instaurer une « terminologie communes aux ingrédients biologiques et naturels ». 

Le bio séduit de plus en plus de Français. Outre l’alimentation, les cosmétiques connaissent eux aussi un franc succès. Il faut dire que les scandales liés aux perturbateurs endocriniens poussent les consommateurs à se tourner vers des produits bio et naturels. Mais bientôt, identifier une crème ou un soin totalement bio pourrait être plus compliqué, à cause de la norme ISO 16128. Cette dernière, dont la seconde partie a été publiée en septembre 2017, et entrera en vigueur à la fin de l’année, prévoit d’harmoniser la terminologie des ingrédients biologiques et naturels. Le but est de rendre accessible le bio à un plus grand nombre de fabricants. Bien que l’objectif soit louable sur le papier, un groupe d’associations dénonce le fait que des produits chimiques pourront être revendiqués comme bio.

Uniformiser le langage de la cosmétique bio

Depuis plus de six ans, les industriels de la cosmétique du monde entier travaillent avec des universitaires et des ONG afin de mettre au point une norme internationale sur les produits cosmétiques bio et naturels. La première partie de la norme ISO 16128, établie en 2016, « permet de distinguer quatre types d’ingrédients : biologique, dérivé biologique, naturel et dérivé naturel » explique la Fédération des entreprises de la beauté (Fébéa) dans un communiqué. La seconde, publiée en septembre 2017 « permet de calculer les indices rattachés aux différentes catégories d’ingrédients biologiques et naturels ». Cette norme permet donc d’identifier, ou non, un produit bio ou naturel. Le but est que tous les acteurs de la cosmétique « parlent le même langage ».

Des produits « bio » non labellisés

Dès la publication de la seconde partie de cette norme, des associations, comme Cosmébio, Générations Futures ou encore Générations Cobayes, alertent l’opinion publique sur les limites et risques de celle-ci. Selon eux, des composants chimiques pourront prochainement se revendiquer comme bio. Ces professionnels notent que la norme ISO 16128 tolère des substances comme le phénoxyéthanol, les parabens, les silicones ou encore des dérivés d’animaux morts. De plus, les associations regrettent l’absence du pourcentage de bio dans le produit fini. Dès lors qu’un produit contient des ingrédients biologiques ou naturels, même en quantité infime, la norme permet de le mentionner, sans être labellisé « bio ». Autrement dit, des produits non labellisés pourront être reconnus comme bio ou naturels, uniquement parce qu’ils contiennent des ingrédients bio.

Afin d’obtenir le précieux sésame, il devra être conforme aux cahiers des charges instaurés par les labels. Les associations craignent que les consommateurs soient persuadés de respecter la nature et l’environnement en achetant ces produits « bio » mais non labellisés comme tel. En effet, la présence de produits chimiques et de solvants pétrochimiques est acceptées par la norme.

Définir la concentration d’ingrédients bio dans un produit

Malgré les réticences des associations, Anne Dux, directrice des affaires scientifiques au sein de la Fébéa tente de calmer le jeu. Selon elle, « il y a une mauvaise compréhension des responsables de label », explique-t-elle à France Info. Et d’ajouter que « les appellations des produits ne changeront pas ». « Lorsqu’on dira qu’un ingrédient est naturel, tout le monde dira la même chose » précise-t-elle.  Elle rappelle également que cette norme n’a pas pour objectif d’être un label et donc de définir si un produit est bio ou pas, mais « se contente de dire quelle est la concentration en ingrédients biologiques dans le produit ». S’agissant d’une norme internationale, la norme ISO 16128 précise que les OGM ne seront autorisés que dans les pays qui le permettent. Autrement dit, ils seront toujours interdits dans l’Union Européenne.

Marie Bascoulergue

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