Fruits et légumes bio : les marges « exorbitantes » des distributeurs dénoncées
Publié le 29 août 2017 à 17:52 Aujourd'hui
Les produits bio séduisent de plus en plus. Mais selon l’UFC-Que Choisir, la grande distribution se ferait des « marges exorbitantes » sur les produits issus de l’agriculture biologique. Dans une étude parue ce mardi 29 août, l’association de consommateurs explique que celles-ci s’élèvent à 46% du prix.
Le bio est tendance et séduit de nombreux consommateurs. Les étalages de supermarchés sont de plus en plus fournis et la liste de produits issus de l’agriculture biologique ne cesse de s’allonger. Une bonne nouvelle quand on désire manger tout en faisant du bien à la planète et sa santé. Mais pas sûr que d’acheter ces produits dans les grandes enseignes fassent du bien à nos porte-monnaie. Selon l’UFC-Que Choisir, les grandes marques gagneraient énormément d’argent sur le dos des consommateurs. Dans son étude publiée mardi 29 août, l’association s’est concentrée sur les fruits et légumes. Elle a sélectionné un panier type de 24 produits représentant la consommation des ménages français. Ses conclusions sont sans appel. Selon ses calculs, les marges brutes de la grande distribution sont deux fois plus élevées pour les produits bio que ceux issus de l’agriculture conventionnelle. Et l’écart se fait d’autant ressentir entre les deux produits frais les plus consommés : +145% pour la tomate et +163% pour la pomme.
Quelles sont les raisons de cette « surmarge » ?
L’association estime qu’un surcoût peut s’expliquer pour les fruits et légumes qui ont tendance à périmer plus vite ou qui sont sensibles aux manipulations. Cela pourrait justifier les marges brutes nettement plus élevées. Par exemple, celle de la pêche est de 171% et celle de l’abricot de 161% par rapport aux fruits conventionnels. Mais cela ne peut s’appliquer à la pomme et au poireau qui bénéficient d’une surmarge hallucinante: 191%. « En l’absence d’autres justifications et pour des produits dont les modalités de mise en rayon sont identiques, cette différence de tarification pourrait être due à une politique opportuniste sur un marché de niche », explique l’association dans son rapport.
L’UFC-Que Choisir pointe du doigt les publicités des enseignes qui vantent le prix et la disponibilité de leurs produits bio. Après avoir visité plus de 1541 magasins sur l’ensemble de l’Hexagone, l’association juge pourtant l’offre de fruits et légumes frais « indigente ». Dans presque un cas sur deux, elle a constaté qu’il était impossible de trouver en rayon à la fois des tomates et des pommes bio. Des chiffres qui sont bien loin du marketing de ces grandes enseignes.
Les grandes enseignes contrôlent 42% du marché
On peut dire que cette étude apporte un véritable éclairage sur les convoitises autour de cette agriculture qui séduit de plus en plus de Français. Soucieux de leur santé, du contenu de leur assiette mais aussi de l’environnement, les Français ont dépensé plus de 7 milliards d’euros dans le bio. Un montant qui ne cesse de croître, +20% en 2016. Mais le hic, c’est que les grandes enseignes contrôlent 42% de ce marché juteux. Malheureusement, les prix trop élevés et les marges bien trop importantes défavorisent l’expansion du bio. À savoir que remplir son panier de fruits et légumes bio coûtent environ 79% plus cher qu’avec des conventionnels. C’est cher payé quand on sait que 46% de ce coût représente les marges que se font les grandes enseignes. Surtout que c’est aussi un manque à gagner pour les agriculteurs qui peinent à vivre de l’agriculture biologique.
C’est d’ailleurs un problème sur lequel s’est exprimé Stéphane Travert ce mardi, lors de l’ouverture des états généraux de l’alimentation. Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a indiqué vouloir monter un fonds privé pour soutenir la filière bio. « C’est une idée que je vais proposer, faire en sorte qu’un fonds dédié soit créé pour qu’il aille spécifiquement à des filières qui sont plus en difficulté ou ont besoin d’être accompagnées pour continuer à investir et occuper des places de marché », a déclaré le ministre sur RTL. « Ça peut être par exemple le fait qu’un industriel ou un distributeur puisse, sur un temps donné, rogner sur une partie de sa marge pour créer ce fond spécifique et qui serait ensuite redistribué par un acteur public à des bénéficiaires » a-t-il ajouté. Affaire à suivre.