Gaspillage alimentaire : le doggy bag bientôt obligatoire au restaurant ?

Publié le 5 avril 2018 à 11:59 Aujourd'hui

La commission Développement durable de l’Assemblée nationale a adopté un amendement visant à imposer à tous les restaurants de mettre à disposition de leur clientèle des doggy bag. 

Le repas était délicieux, mais vraiment très copieux. Pour éviter que les restes ne partent à la poubelle, il est aujourd’hui possible d’emporter ce que l’on n’a pas mangé à la maison pour le consommer plus tard. C’est le principe du doggy bag, une solution anti-gaspi adoptée depuis de nombreuses années dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis. En France, la pratique est encore peu répandue mais pourrait bientôt le devenir. Un amendement voté le 21 mars dernier par la commission Développement durable de l’Assemblée nationale vise en effet à obliger les restaurateurs à mettre à disposition de leurs clients une « boîte à emporter », rapporte Le Parisien. Depuis le 1er janvier 2016, les professionnels produisant plus de 10 tonnes de biodéchets par an, soit environ 150 à 200 couverts par jour, doivent les trier et les valoriser. Mais rien ne les obligeait à proposer à leurs clients un doggy bag afin qu’ils puissent rapporter les restes de leur repas. Cela pourrait donc changer.

L’objectif : « réduire par deux le gaspillage alimentaire d’ici 2025 », précise le texte de l’amendement. « Les pertes de nourriture sont 5 fois plus élevées en restauration commerciale qu’à domicile, et s’élèvent à 27 %, soit 157 grammes par personne et par repas. Parmi ces pertes, les restes d’assiette représentent 11 %, pour une valeur moyenne de l’ordre de 1 euro par repas.»

Une pratique qui ne devrait pas être imposée

Une mesure bienvenue mais qui ne convainc pas les professionnels. Dans un communiqué, l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) indique « regretter » l’adoption par l’Assemblée nationale de cet amendement. « L’UMIH s’est toujours positionnée en faveur du développement du doggy bag ; elle était d’ailleurs à l’initiative de cette mesure lors de la signature du Pacte contre le gaspillage alimentaire en 2013. Pour autant, cette pratique ne devrait en aucun cas être imposée aux professionnels, pour qui elle représenterait une obligation supplémentaire venant s’ajouter à une liste déjà longue qui pèse sur la profession au quotidien », souligne-t-elle, demandant « aux parlementaires de revenir sur ce vote ». Au Parisien, Hubert Jean, président de la branche restauration au sein de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), estime que «  ce n’est pas très judicieux de vouloir contraindre de manière réglementaire l’ensemble de la profession à acheter des doggy bag d’autant que c’est une pratique anglo-saxonne qui n’est pas vraiment dans la culture française ».

Certains consommateurs craignent de passer pour des radins ou ont peur des risques sanitaires. Mais pour la députée LREM de Haute-Marne Bérangère Abba, auteur de l’amendement, si le doggy bag n’est pas encore entré dans les habitudes des Français, c’est aussi « parce que les consommateurs n’osent pas en faire la demande de peur de se voir objecter un refus de la part du restaurateur ». Selon cette dernière, « il faut que les habitudes évoluent ».

Cet amendement doit désormais passer devant la commission économique, puis être soumis au vote de l’ensemble des députés à compter du 21 mai.

Marine VAUTRIN

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