Italie : des vaches maltraitées pour fabriquer du Parmesan

Publié le 27 novembre 2017 à 16:30 Aujourd'hui

L’organisation dédiée au bien-être des animaux de ferme, CIWF (Compassion in World Farming), a publié ce week-end une vidéo dénonçant les conditions d’élevage des vaches en Italie. Leur lait entre dans la composition du Parmigiano Reggiano et du Grana Padano, deux célèbres fromages italiens.

Les températures chutent et l’hiver approche, c’est donc le moment idéal pour cuisiner de bons plats bien riches qui tiennent au corps. Et pourquoi pas des pâtes à la bolognaise avec du Parmesan ? Ce plat saupoudré de ce célèbre fromage italien est très apprécié dans l’Hexagone. Mais savez-vous vraiment comment est fait le Parmesan ? C’est ce qu’a voulu savoir l’organisation dédiée au bien-être des animaux de ferme, CIWF Italie.

Durant l’été 2017, l’organisation a mené une enquête dans neuf fermes italiennes et plus précisément dans la région de la vallée du Pô. Ces dernières fournissent du lait de vache à deux « consortiums » pour la fabrication de deux fromages italiens de renom, le Parmigiano Reggiano et le Grana Padano dont 40% de la production est exportée, notamment en France. Après enquête, le résultat est sans appel : les conditions d’élevage de ces animaux sont bafouées. Peau sur les os, blessés, à bout de forces, ces animaux sont surexploités et maltraités. Selon CIWF, ces vaches sont même « traitées comme des machines à lait ».

Des vaches blessées vivant dans leurs excréments

Dans les élevages visités, les vaches n’ont pas accès au pâturage et sont souvent nourries avec des OGM de soja. Elles sont entassées dans un immense bâtiment non adapté à leurs besoins. Les logettes sont trop étroites et les allées glissantes. L’espace est tellement restreint que les vaches sont obligées de dormir à même le sol, en béton, au milieu de leur urine et excréments. Ce qui peut être dangereux car elles peuvent tomber et se blesser. Pire encore, lors de la traite, les vaches sont maintenues avec des barres en fer ce qui entrave leurs mouvements et provoque des lésions et des écorchures. Lors de la visite, certaines étaient même malades et nécessitaient une prise en charge pour des soins.

Afin de dénoncer ces pratiques, l’organisation a lancé la campagne #notonmypasta [pas sur mes pâtes, en français] sur les réseaux sociaux. Le but est de pousser les producteurs de ces deux fromages à imposer certains critères de bien-être animal. CIWF souhaite que d’ici à la fin de l’année 2018, un programme d’amélioration du bien-être soit mis en place. Celui-ci comprendrait, « un accès au pâturage au moins 100 jours par an », l’interdiction de l’attache et « un programme de suivi d’indicateurs de bien-être (pour la réduction des taux de boiterie, de mammites et l’amélioration de l’état d’engraissement) », explique l’organisation dans une lettre à destination des deux consortiums qui produisent le Parmigiano Reggiano et le Grana Padano.

Mise à jour 30 novembre 2017. Le Consortium du Parmigiano Reggiano a répondu, le 28 novembre dernier, aux allégations du CIWF qu’il qualifie de fausses. Celui-ci regrette que l’organisation ne se soit basée que sur « neuf cas isolés, non représentatifs » , alors que la filière comprend pas moins de 3 000 fermes. Cependant, il prend acte de ces cas, les condamne fermement et souhaite qu’ils soient contrôlés par les autorités compétentes.

Le Consortium explique que les vaches ne sont pas maltraitées et font l’objet d’un suivi vétérinaire comme le prévoit la réglementation européenne en vigueur. « Pour faire un bon fromage […] il est important […] que les vaches soient en parfaite santé », a-t-il déclaré dans un communiqué. Comme garanties, les vaches suivent un régime alimentaire comprenant du fourrage et des herbes fraîches locales. Leur bien-être est également préservé par plusieurs lois européennes qui leur assurent un minimum de respect et les protégent de mauvais traitements. Le groupe rappelle également que 30% des exploitations sont situées en zones montagneuses et donc que l’élevage intensif est impossible. Le cahier des charges AOP, protégé et promu par le Consortium, a été approuvé par la réglementation européenne.

Le Consortium Parmigiano Reggiano rappelle enfin que la filière du Parmesan est parfaitement transparente et qu’il a développé le principe de visite des fermes d’élevage et de fromageries pour le public et les professionnels. « À ce jour, rien que pour 2017, c’est environ 100 000 visiteurs qui ont pu découvrir le savoir-faire artisanal et manuel de ce très grand fromage. », explique-t-il.

Marie Bascoulergue

  1. FINI PLUS JAMAIS JE VAIS ACHETÉ CES FROMAGES
    J AURAIS HONTE DE VOUS HUMAINS PAS DE COEUR

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