La Chine envoie des tonnes de CFC 11 dans l’atmosphère.

Publié le 24 mai 2019 à 22:11 Aujourd'hui

Une publication du magazine scientifique américain Nature dénonce le relâchement illégal de CFC 11 dans l’atmosphère, une molécule responsable du déchirement de la couche d’ozone.

On croyait être sur la voie de l’éradication complète du CFC 11 (fréon 11) responsable du trou dans la couche d’ozone au niveau de l’antarctique, mais le magazine scientifique américain Nature est venu infirmer cette thèse avec une publication, mercredi 22 mai 2019. Alors que depuis la signature par 190 pays du protocole de Montréal en 1987, les chlorofluorocarbures (CFC) devaient être supprimés progressivement jusqu’à leur interdiction totale en 2010, les restes du CFC 11 devait se dissiper progressivement. On annonçait même que le trou de la couche d’ozone s’était rebouchée de 20 % l’année dernière grâce aux mesures internationales.

Il y a déjà un an de cela, la revue de référence Nature faisait état d’une diminution de 50 % de la réduction de ces rejets nocifs pour la couche d’ozone entre 2013 et 2017. Ces émissions restaient toutefois enveloppées de mystère et on ne pouvait à l’époque n’être sûr que d’une chose, les rejets provenaient d’Asie du Sud-est. C’est en menant l’enquête à l’aide d’observations atmosphériques à hautes fréquences au sein de différents pays d’Asie qu’une équipe internationale a pu déceler le coupable. La Chine serait ainsi responsable du rejet de 7 000 tonnes de CFC 11 provenant de l’Est de son territoire. Par ailleurs, d’après les observations de l’équipe de recherche, on compterait au total 13 000 tonnes de ce produit nocif rejetés entre 2015 et 2017 laissant deviner que l’empire du milieu ne serait pas le seul pays à produire cette substance. En effet, les résultats permettent d’observer la présence du produit dans l’hémisphère nord sans que l’on sache qui en serait responsable pour le moment.

La Chine responsable comme seul responsable ?

L’EIA (l’agence d’enquête environnementale) une association américaine, avait démontré en 2018 l’existence de 18 usines chinoises utilisant illégalement le CFC 11 afin de produire de la mousse isolante justement dans le but de réduire l’empreinte environnementale du pays. Ray Weiss un des principaux auteurs de la publication de Nature et géochimiste à l’université de Californie n’accuse toutefois pas directement l’Etat chinois : « Il semble que cela provienne d’une production illégale. […] Je n’ai aucune preuve que le gouvernement ait intentionnellement appuyé cela. » explique-t-il.

Le Fréon 11 n’a pourtant pas toujours été un élément négatif. On doit son apparition à un ingénieur américain qui en 1929 a mis au point cette petite révolution dans les gaz frigorifiques puisqu’ininflammables, non-toxiques et non corrosifs par rapport aux molécules précédentes. Elle a alors connu des utilisations multiples : réfrigérant, fluide de rinçage de circuit froid, propulseur pour aérosols, solvant pour le nettoyage à sec et dans le cas des usines chinoises aujourd’hui agent gonflant pour les mousses de polymères isolantes. 

Quelles conséquences du CFC 11 pour la planète ?

Si ces révélations produisent un tel retentissement, c’est bien parce que le CFC 11 au contact du rayonnement solaire dans la stratosphère crée une réaction chimique qui détruit l’ozone. Seul problème le trou de la couche d’ozone actuel est dû à la production de CFC des années 1980 alors que le pic de production de la molécule se trouve être 1999 avec environ 500 000 tonnes. Les effets du trichlorofluorométhane devraient donc se faire sentir pendant encore 60 ans, ce pourquoi l’interdiction absolue du produit recèle une telle importance. La conséquence directe de la perte d’ozone dans l’atmosphère est la diminution de la protection de la peau face aux rayons UV. Les Australiens mitoyens de l’antarctique ont ainsi 2 chance sur 3 fois de développer un cancer de la peau et détiennent le record mondial de cette maladie. Un problème commun à la Nouvelle-Zélande et la Patagonie (région de l’extrême Sud de l’Argentine et du Chili). 

Martin Dawance

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