Loi Alimentation : à quoi sert la hausse du seuil de revente à perte ?
Publié le 2 février 2019 à 16:33 Aujourd'hui
À partir du 1er février 2019 certaines denrées devraient subir une augmentation en conséquence de la loi alimentation adoptée le 2 octobre 2018.
On compte environ 500 denrées sur 13 000 concernées par l’augmentation des prix dans les supermarchés selon le ministère de l’Agriculture.
Le Parisien citait, à cet effet, une liste de 24 articles dont les augmentations apparaissent non négligeables sur le long terme. On compte parmi ces produits d’appel dont le prix est prévu pour attirer le client par leur renommée, de l’huile Lesieur passant de 2,99 à 3,19 euros, du lait pour enfant Guigoz prenant plus d’un euro ou encore une augmentation de 2 euros de la bouteille d’1 L de Ricard et bien d’autres marques célèbres.
La hausse du seuil de revente à perte (SRP)
La raison de ces augmentations subites n’est autre que la hausse du seuil de revente à perte (SRP), prévu par l’article 15 de la loi alimentation qui entre en vigueur le 1er février. Ce fameux seuil oblige les grandes enseignes dans le secteur de l’agro-alimentaire à vendre 10 % plus chers les denrées alimentaires que leur prix d’achat alors que les détaillants pouvaient auparavant se permettre de perdre de l’argent sur ces produits et de se rattraper sur d’autres en faisant pression à l’achat sur les producteurs, dont les agriculteurs qui étaient en première ligne. L’idée globale de la loi vise à pacifier le marché notamment agricole et de faire stopper la guerre des prix qui pressurise violemment les agriculteurs.
« Edouard Leclerc et ses comparses tentent d’isoler médiatiquement le SRP en insistant sur la perte de pouvoirs d’achat des consommateurs, ils se gardent bien de parler des autres mesures que propose la loi qui contraignent la grande distribution à fixer leur prix sur les coûts de production des agriculteurs en l’espèce. » explique à Réponse conso Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA.
Des mesures plus efficaces
En effet, certaines mesures de la loi alimentation génèrent des contraintes plus fortes que le SRP, qui seul ne serait pas vraiment efficace. Néanmoins, rien ne garantit que cette nouvelle marge de 10 % obligatoire permette d’alléger la pression sur les agriculteurs. Comme Olivier Andrault, chargé de mission pour UFC que choisir, le révèle à Réponse conso, il s’agirait même « d’un cadeau fait à la FCD syndicat de la grande distribution dont toutes les grandes enseignes font partie, sauf Leclerc leader du marché. » Il est notable qu’augmenter les prix des produits d’appel plus performants chez Leclerc bénéficie à toutes les autres grandes enseignes qui avaient du mal à suivre le rythme du leader.
Même si les sons de cloche varient sur l’efficacité de l’augmentation du seuil de revente à perte de la FNSEA à UFC Que Choisir, les autres mesures de la loi alimentation semblent trouver grâce aux yeux de ces deux entités. Outre le SRP, la loi prévoit une inversion de la construction des prix, une indication de référence des coûts de production des agriculteurs en l’occurrence et interdit les promotions de types -50 % par les grandes enseignes. « UFC que choisir a toujours été favorable à ces parties de la loi dans la mesure où elles sont applicables et appliquées« . Et sur ce dernier point, le problème demeure, car les organismes de répression des fraudes n’ont pas assez de moyens pour mener leur travail à bien.