Londres : un abri anti-aérien transformé en potager
Publié le 3 octobre 2017 à 16:36 Demain
À Londres, un ancien abri anti-aérien a été transformé en potager. La ferme Growing Underground, située sous le quartier de Clapham, fait pousser des radis, de la roquette encore de la coriandre.
L’agriculture urbaine est en plein boom. Toits cultivés, potagers flottants, fermes maraîchères géantes… Les initiatives visant à réintroduire la nature au cœur des villes bétonnées ne manquent pas. Parmi les projets les plus impressionnants, on pense au potager XXL du supermarché IGA extra Famille Duchemin, situé à Montréal. Sur son toit de 2 300 mètres carrés poussent une trentaine de variétés de fruits et légumes, tous certifiés biologiques par Ecocert Canada. Mais à Londres, au Royaume-Uni, il existe un potager encore plus fou. Sa particularité ? Il se situe à 33 mètres de profondeur, sous le quartier de Clapham, dans l’ancien abri anti-aérien.
Datant de la Seconde Guerre mondiale, cet abri pouvait accueillir pendant les bombardements allemands jusqu’à 8 000 personnes. Aujourd’hui, les couchettes d’autrefois ont été remplacées par des étagères sur lesquelles poussent des radis, de la roquette, de la coriandre ou encore de la moutarde brune. C’est la société de transport britannique TFL qui loue cet abri, qui devait après la guerre être le prolongement de la ligne de métro « Nothern ».
Culture en hydroponie
Dans cette ferme souterraine, qui a vu le jour en 2015, les plants poussent en hydroponie, une technique qui permet de cultiver les végétaux hors-sol. La terre est remplacée par un substrat inerte et stérile comme du sable et des billes d’argile, et riche en minéraux et nutriments essentiels aux plantes. Le soleil, lui, est substitué par des lampes LED à faible consommation énergétique, dont l’intensité varie pour coller aux périodes de la journée. Growing Underground peut ainsi cultiver sans se soucier des saisons et des aléas climatiques. « L’hiver, dans une serre, il faudra 25 jours pour faire pousser de la moutarde brune alors qu’ici, il nous en faut 10 », explique le cofondateur de la ferme à l’AFP, Steven Dring. L’hydroponie permet de faire croître plus vite les plantes, tout en utilisant 70% moins d’eau, zéro pesticide et en produisant moins de déchets. Cette méthode est alors plus respectueuse de l’environnement puisqu’elle laisse une empreinte carbone plus faible que les techniques de culture classiques. Ici, tout est bien sûr contrôlé et Growing Underground envoie toutes les données collectées à l’université de Cambridge afin de déterminer la température idéale de chaque aliment et ainsi optimiser la production.
La ferme cultive essentiellement de la microverdure. « Nous ne laissons (les cultures) croître qu’un peu, jusqu’à ce qu’apparaissent les premières feuilles », précise-t-il. Ces micro-pousses sont ensuite vendues dans des restaurants et dans les magasins Mark&Spencer. Selon Charlie Curtis, agronome de l’enseigne britannique, « la qualité est fantastique et la saveur est incomparable ».
La ferme Growing Underground est une belle initiative. Celle-ci a d’ailleurs remporté le 22 septembre dernier le « Future Food Award » 2017, décerné par la BBC.
Une champignonnière dans un parking souterrain parisien
Ce potager n’est pas le premier au monde. Comme le rapporte le site We Demain, à Strasbourg, le start-up Clycloponics, cultive des légumes dans une ancienne poudrière allemande de 150 mètres carrés. Bientôt, Paris se dotera elle aussi d’un potager souterrain. En avril 2016, la Ville avait lancé l’appel à projets « Parisculteurs ». Au total, 32 projets ont été retenus pour « verdir » plusieurs sites de la capitale, dont un qui consiste à la création d’une micro-ferme urbaine en sous-sol. Celle-ci sera située au sous-sol du parking d’une résidence de logements sociaux de la rue Raymond-Queneau dans le XVIIIe arrondissement de Paris. La ferme comprendra trois types de culture : champignons sur marc de café, maraîchage sur compost et sous LED et culture micro-pousses. 30 000 kilos de fruits et légumes ainsi que 24 000 kilos de champignons seront ainsi produits chaque année. Porté par la start-up Cycloponics, lauréate du prix de l’innovation 2015 Alsace et de la FrenchTech 2016, ce projet se nomme « La Caverne ».