Maturité du cerveau : devrait-on augmenter l’âge de la majorité ?
Publié le 25 mars 2019 à 18:03 Pop culture
Selon une étude menée par des neurologues issus de l’université de Cambridge, la maturation complète du cerveau humain dépasserait largement l’âge de 18 ans, où intervient la pleine responsabilité pénale dans la majeure partie des pays du monde.
Difficile de dire quand commence et s’achève l’adolescence. De prime abord, on supposerait qu’elle se situe entre 12 et 17 ans. Entre la réalité biologique et sociologique, délimiter cette période ainsi que le passage définitif à l’âge adulte demeure complexe. Dans la plupart des pays du monde, la majorité s’obtient à 18 ans amenant en théorie les adolescents à l’âge adulte.
Selon Peter Jones chercheur en neurosciences à Cambridge, il semblerait pourtant qu’à cet âge le cerveau n’ait pas du tout terminé sa transformation : « C’est une transition beaucoup plus nuancée qui se déroule sur trois décennies« , explique le neuro-scientifique. Ainsi, les processus de développement du cerveau que sont la conductivité des nerfs, la multiplication des réseaux de neurones et la suppression des connexions problématiques du cerveau s’étendent de la période où l’individu est dans le ventre de sa mère jusqu’à environ 30 ans. Une analyse appuyée par le fait que de nombreuses maladies psychiatriques comme la schizophrénie peuvent se déclarer tardivement du fait d’une modification malencontreuse du cortex avant sa maturité définitive.
18 ans : une limite bien commode
Cette stabilisation tardive du cerveau remet en cause de nombreuses certitudes dans l’organisation de la société tant au niveau de l’éducation qu’à celui de la responsabilité juridique des individus. En dépit de la définition légale de l’âge adulte, le chercheur précise que de nombreuses institutions ont déjà connaissance de l’absurdité d’un âge adulte fixe : « Un juge expérimenté fait tout à fait la distinction entre un prévenu de 19 ans et un criminel endurci de plus de 30 ans ».
Évidemment, le passage à l’âge adulte ne dépend pas uniquement de facteurs neurologiques, mais également de l’environnement de l’individu, notamment de ses conditions socio-économiques. En 2018 au Royaume-Uni, un quart des 20 à 34 ans vivaient encore chez leurs parents. Entre 1996 et 2017, ce chiffre est donc passé de 2,7 millions de personnes à 3,4 millions. Une situation démontrant que la prise d’indépendance des jeunes, qui n’est pas un fait anodin dans le développement de leur maturité, est également liée à un facteur économique.