Les moineaux vont-ils disparaître de la capitale ?

Publié le 2 septembre 2016 à 9:00 Aujourd'hui

Les moineaux désertent Paris. Leur nombre aurait été divisé par deux, et dans certains quartiers, ces petits oiseaux auraient même quasiment disparu. Pourquoi ? Ils ne trouveraient plus d’endroits où installer leur nid.

Le moineau, espèce en voie de disparition dans la capitale. Très présents dans les grandes métropoles européennes, ces petits oiseaux seraient en déclin depuis quelques années. À Paris, la moitié des effectifs de ces volatiles aurait disparu depuis 2010, selon les estimations de Frédéric Malher, président du Centre ornithologique d’Île-de-France (Corif), et cité par Europe 1. Ces piafs auraient même quasiment déserté certains quartiers, comme les XIe et XVe arrondissements. Pour l’heure, les chiffres exacts ne sont pas connus, ils devraient être publiés à la fin de l’année ou début 2017, après le traitement des données collectées par le Muséum national d’histoire naturelle.

La gentrification de Paris

Comment expliquer la diminution du nombre des moineaux dans la capitale ? Les raisons peuvent être nombreuses : pesticides, pollution sonore et atmosphérique. Difficile de savoir. « Il n’y a sûrement pas une cause unique », souligne Frédéric Malher. Toutefois, l’une des hypothèses avancées serait la gentrification, à savoir l’embourgeoisement de la ville. Ce qui fut d’ailleurs le cas des XVe et XIe arrondissements, des quartiers autrefois populaires.

La rénovation de certains bâtiments empêcherait les piafs de faire leurs nids. « Le moineau fait son nid dans un trou (…) il aime bien les bâtiments un peu déglingués donc quand on rénove un bâtiment ancien, on fait disparaître son habitat », explique-t-il. Les moineaux se plairaient dans les quartiers populaires, où l’on trouve le plus de friches et d’espaces délaissés. Mais à Paris, ces friches ont diminué de moitié en 30 ans.

Victimes de la malbouffe ?

La gentrification de Paris pourrait être en effet la principale raison du déclin des moineaux. Toutefois, la nourriture pourrait également être un facteur. En 2015, une équipe du Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS, université de la Rochelle) avait tenté de comprendre les causes de la disparition des moineaux dans les métropoles européennes. Ils avaient analysé 110 oisillons jeunes et moins jeunes, capturés en ville et en campagne afin de déterminer si la vie en ville avait des conséquences sur l’état nutritionnelle et la physiologie des volatiles.

D’après leurs résultats, notre mauvaise alimentation serait la cause de leur déclin. Les moineaux des villes viendraient picorer dans nos poubelles et à divers endroits les aliments que nous jetons : hamburgers, sandwichs, gâteaux, etc. Les chercheurs avaient constaté que, contrairement aux moineaux de campagne, les citadins étaient sensiblement plus petits de 5 à 10% et moins gros, mais le taux de gras dans leur organisme explosait (2,5 contre 1,9). Selon eux, cette quantité importante de graisse stopperait la croissance et l’espérance de vie des tout-petits, car pour bien grandir, les oisillons doivent surtout manger des protéines comme les insectes. Elle empêcherait également leur reproduction.

Parmi les autres pistes : l’épervier. Un prédateur redoutable pour les petits oiseaux et qui est apparu récemment dans la capitale.

Marine VAUTRIN

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