Nouvelle vidéo choc : L214 exige la fin de l’élevage des poules en cage

Publié le 11 décembre 2017 à 11:13 Aujourd'hui

L’association L214 a dévoilé de nouvelles images d’un élevage de poules en batterie situé dans les Côtes-d’Armor. Elle demande au gouvernement l’interdiction totale de ce type d’élevage.

Un hangar sale et mal entretenu, des poules entassées dans des cages, déplumées du fait du picage et de la promiscuité, des cadavres de gallinacées, dont certaines en putréfaction… Voilà ce que l’on peut voir dans la nouvelle vidéo de L214 (voir ci-dessous), tournée en novembre 2017 dans une exploitation de plus de 130 000 poules des Côtes-d’Armor, et mise en ligne ce lundi 11 décembre. Selon l’association, cet élevage fournit des œufs pour la fabrication de produits transformés, ainsi que pour la marque Matines qui commercialise ces produits en grandes surfaces. L214 pointe également des non-conformités dans les cages : « certains aménagements obligatoires depuis 2012 sont totalement absents : aucune litière à disposition et des « nids » au sol entièrement grillagés. » La réglementation exige que les poules disposent d’un espace vital d’au moins 750 cm2, assorti d’un nid, d’un perchoir et d’une aire de picotage et de grattage.

Ces images sont choquantes, et pourtant, ce n’est pas la première fois que L214 dénonce l’élevage en batterie. Souvenez-vous, en mai 2017, l’association avait dévoilé dans une vidéo les conditions sanitaires « exécrables » d’une exploitation située en Vendée. On pouvait y voir des gallinacées gravement blessées et déplumées jusqu’à l’extrême, des parasites grouillants sur les œufs et les cadavres de poules gisant dans les cages. Un an plus tôt, L214 avait épinglé le GAEC du Perrat dans l’Ain, qui approvisionnait la marque Matines et dont les œufs étaient vendus en grande distribution. « L’indignation publique avait amené Matines à retirer 2 millions d’œufs des rayons des supermarchés », rappelle-t-elle dans un communiqué.

Interdiction totale de l’élevage en batterie

Pour l’association, ces nouvelles images, présentées par le présentateur vedette Stéphane Bern, sont de trop. Elle demande l’interdiction totale de l’élevage en batterie en France, comme ce qui est déjà le cas en Autriche et en Suisse depuis de nombreuses années. Une pétition a été lancée en ce sens et sera adressée au président de la République Emmanuel Macron. À quelques jours de la fin des États généraux de l’alimentation, L214 rappelle que lors de son discours d’octobre à Rungis, celui-ci avait indiqué qu’il souhaitait que « les œufs vendus aux consommateurs ne [soient] issus que d’élevages en plein air d’ici 2022 ». Pour l’association, il s’agit d’une « avancée », mais elle est « loin d’éliminer à elle seule tous les élevages en cages en France ». « Près de 50% des œufs produits dans notre pays sont destinés à l’industrie et la restauration hors foyer. Ces œufs sont incorporés dans les produits transformés sans traçabilité du mode d’élevage pour les consommateurs », souligne L214.

Selon un sondage OpinionWay, publié en 2014, 90% des Français sont favorables à l’interdiction de l’élevage en cage. Chose que de nombreuses enseignes et acteurs de l’agroalimentaire ont compris. Plusieurs chaînes et entreprises ont décidé de ne plus s’approvisionner en oeufs de poules élevées en cage. Parmi elles, on retrouve Carrefour, Grand Frais, Leclerc, Intermarché, Auchan,  Sodexo, Elior, Panzani, Pasquier, Flunch, Pierre Martinet ou encore Nestlé. « Le nombre d’entreprises du secteur alimentaire engagées à cesser de s’approvisionner auprès d’élevages en batterie ne cesse d’augmenter, amorçant un véritable tournant pour les élevages en France », reconnaît L214. Récemment, c’est le géant des ovoproduits d’aucy qui a annoncé s’engager dans une transition vers 100% d’élevages sans cage d’ici 2025. « Le groupe d’aucy est à l’écoute des attentes de ses clients et accompagne durablement ses adhérents agriculteurs dans toutes les évolutions de marchés. Ces derniers mois les données de marché à la disposition du groupe montrent que beaucoup de ses clients se sont engagés à cesser leurs approvisionnements en œufs de poules élevées en cage, pour la plupart d’ici 2025 », avait indiqué le groupe dans un communiqué. « Considérant que ce mouvement est désormais irréversible, le groupe d’aucy a décidé d’anticiper dès aujourd’hui cette évolution lourde de conséquences pour ses adhérents agriculteurs en les accompagnant pour passer d’ici 2025 à 100% d’œufs de poules élevées au sol, en plein air, bio et labels », avait-il ajouté.

Pour Brigitte Gothière, co-fondatrice de L214, « l’interdiction de l’élevage des poules en cage est un impératif éthique dans une société qui prend la souffrance des animaux au sérieux. L’opinion publique y est largement favorable depuis longtemps et de nombreuses entreprises agroalimentaires se sont déjà engagées dans cette transition. Nous demandons au gouvernement d’être aux côtés d’une société qui évolue, en mettant un point final à cette pratique aux conséquences désastreuses pour les animaux ». L’association a par ailleurs porté plainte pour maltraitance auprès du Tribunal de Grande Instance de Saint-Malo. « L214 introduira également un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application des normes minimales encadrant l’élevage des poules », conclut-elle.

Dans la vidéo, Stéphane Bern rappelle qu’en « bout de chaîne, la responsabilité se trouve du côté du consommateur ». Retrouvez la pétition sur l214.com/stopcages/.

Marine VAUTRIN

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